Critique film Cloud réalisé par Kiyoshi Kurosawa
EN SALLE LE 04 JUIN 2025
CLOUD
Réalisé par Kiyoshi Kurosawa
Avec : Masaki Suda, Kotone Furukawa, Daiken Okudaira, Amane Okayama, Yoshiyoshi Arakawa, Masataka Kubota, Mutsuo Yoshioka
Distribué par Art House
Genre : Action, Policier / Crime, Thriller
Origine : Japon
Durée : 2 h 04
Synopsis :
Ryosuke plaque tout pour vivre
de la revente en ligne. Mais bientôt, certains clients menaçants
resserrent l’étau autour de lui sans qu’il en comprenne les raisons. Son
rêve d’indépendance vole en éclats. Dans un Japon hyperconnecté, fuir
est impossible. Surtout quand on ignore les règles du jeu.
Ma critique :
Après une mise en bouche, comme je vous l'avais dit avec Chime mais qui était un court-métrage, Kiyoshi Kurosawa revient dès le 4 juin avec un long métrage Cloud dans la même lignée, peut être un peu moins glaçante que le précédent.
Ryosuke qui travaille dans une entreprise, où le patron voudrait le faire évoluer, mais qui à côté arrondit ses fins de mois avec de la revente en ligne de produits qui sont parfois des contrefaçons ou qui ont des défauts, quitte la société qui l'employait pour se consacrer à fond à sa propre commercialisation de fournitures.
Il a une petite amie Akiko, qui aime l'argent, assez ambigüe mais qui lui apporte un vrai plus. Il a également une relation de copinage avec un garçon étrange qui lui a appris les bases pour revendre et ce dernier voudrait monter une entreprise avec Ryosuke et qu'il apporte des fonds. Ce dernier refuse et déménage d'ailleurs dans un endroit assez isolé où des faits auxquels ils ne s'attendaient pas vont se produire.
Le réalisateur s'est inspiré d'un fait divers afin de construire son scénario. Il aborde également la "magouille" qui existe au Japon afin de se faire de l'argent en achetant des produits et en les revendant beaucoup plus cher. De la même manière, avec un tel sujet, Kurosawa aborde le capitalisme et le monde d'internet dans lequel nous vivons.
Si tout a l'air normal au début, le film va vite évoluer vers le thriller et l'action va faire son apparition en devenant de plus en plus violente.
Nous sommes peu habitués à ce genre de cinéma Japonais, et le réalisateur nous montrer la société nipponne sous un tout autre angle.
Au niveau des interprètes ils sont tous très bons et apportent quelque chose à leur personnage. Il faut noter l'excellente prestation de Masaki Suda qui, avec un éventail de jeu très large, fait que le protagoniste qu'il incarne une personne ordinaire qui fait des choses contraires à ce qu'il peut dégager.
Les choix des bruits comme des planchers qui grincent, le bruit des ordinateurs, les vitres qui se brisent, des portes qui claquent, servent bien le film qui le rend plus angoissant.
Les nouvelles technologies ont donc une place importante dans Cloud, car sans elles, n'arriverait pas tout ce qui va se produire. Elles font que les comportements changent et l'on s'aperçoit qu'internet peut faire que l'on s'en serve à mauvais escient.
Bien que ne prenant pas partie, Kurosawa nous prouve que la colère, la méchanceté des gens peut devenir telle que certains peuvent aller jusqu'à tuer. Ils sont manipulés, forment des groupes et s'en prennent parfois à d'autres personnes pour, soi-disant se venger.
La haine n'a jamais permis quelque chose de bon, tout comme l'argent facile que l'on peut se faire avec de telles pratiques. Sans jamais dénoncer le réalisateur nous montre qu'il faut se servir des ces outils modernes comme ils devraient être. Après ces deux films, Kurosawa nous prouve qu'il a encore beaucoup de choses à montrer, à dire et l'on attend avec impatience le prochain en août La voie du Serpent.
Pour en savoir plus :
A propos du réalisateur
Né le 19 juillet 1955 à Kobe, Kiyoshi Kurosawa débute la mise en scène avec des films indépendants en 8 mm alors qu’il étudie la sociologie à la Rikkyô University. Sa cinéphilie puise autant dans le cinéma moderne européen que dans le cinéma américain des années soixante-dix, la série B d’horreur, le cinéma de genre nippon. Il fait ses débuts en tant que réalisateur de long métrage commercial en 1983 avec «Kandagawa Wars». C’est en 1997 qu’il accède à la reconnaissance internationale avec «Cure». Il devient alors un habitué des festivals internationaux, livrant un panel d’œuvres remarquables et indiscutablement personnelles : «Charisma» (1999) ovationné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, «Kaïro» (2001) qui reçoit le prix FIPRESCI dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2001, «Jellyfish» (2002) sélectionné dans la Compétition Officielle de Cannes 2003, «Tokyo Sonata» (2008) qui remporte le Prix du Jury dans la section Un Certain Regard de Cannes 2008, le film en deux parties «Shokuzai» (2012) présenté dans la Sélection Officielle au Festival de Venise, au Festival de Toronto et à Deauville en 2012.
En 2014, «Real» est présenté à Toronto et à Locarno et l’année suivante Kurosawa remporte le Prix de la Mise en Scène dans la section Un Certain Regard à Cannes pour «Vers l’autre rive». Il réalise par la suite «Creepy» (2016), sélectionné au Festival de Berlin,«Le Secret de la chambre noire» (2016) dont le tournage a eu lieu en France, puis «Avant que nous disparaissions» et «Invasion» sortis en salles en 2018. Son art de la mise en scène contribue à classer ses films parmi les plus effrayants jamais réalisés. Mais les règles de l’épouvante cinématographique sont souvent, chez lui, un prisme philosophique à travers lequel il observe l’histoire culturelle et la réalité sociale du Japon. Après «Les Amants sacrifiés» (2020), Lion d’argent de la meilleure réalisation à Venise, 2024 marque le grand retour du prolifique maître de la peur et de l’angoisse avec La Voie du serpent, en compétition au Festival de San Sebastian et tourné en France avec Damien Bonnard et Mathieu Amalric, le moyen-métrage «Chime» dévoilé à la Berlinale, et «Cloud», sélectionné pour représenter le Japon à l’Oscar du meilleur film international 2025 et présenté en première mondiale au Festival de Venise.
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