Vous aviez pu lire une interview de Chloé Stefani lors de la sortie du film "L'Affaire SK1" en février 2015. Elle se livre à nouveau par rapport au film Goliath de Frédéric Tellier car elle fait partie de la distribution de ce long métrage qui sera en salle le 9 mars prochain aux côtés de Gilles Lellouche, Pierre Niney, Emmanuelle Bercot, Marie Gillain, Laurent Stocker, Jacques Perrin.
Une actrice que l'on aimerait voir plus souvent au cinéma et qui, je trouve pour ma part, n'a jamais été récompensée à sa juste valeur. Époustouflante dans Sauver ou périr, avec son joli minois et ses interprétations tellement authentiques, les réalisateurs devraient plus faire appel à son talent.
Voici son interview :
DS : Chloé comment allez-vous depuis notre dernière interview
en date de février 2015 ?
D’abord,
merci de votre intérêt fidèle. Ça me touche. Et même ça me
porte.
Je
vais très bien merci ! Tellement de choses se sont passées
depuis…
Et
vous ? Comment allez-vous ?
DS : Depuis l’affaire SK1 on a pu vous voir dans «Sauver
ou Périr» aux côtés de Pierre Niney et Anaïs
Demoustier et le 9 mars on va vous revoir sur grand écran dans
«Goliath». Pouvez-vous nous parler de ce rôle et
du film ?
Oui,
avec plaisir. J’ai fait aussi beaucoup d’autres choses mais
en effet ces rôles d’enquêtrice à la brigade criminelle pour
«L’affaire
SK1»
et d’infirmière chez les grands brûlés pour «Sauver
ou Périr»
m’ont énormément apporté.
Pour
ce qui concerne le rôle de Lucie dans «Goliath»,
c’est une agricultrice, éleveuse. Passionnée par ce métier noble
de nourrir les gens, d’être au contact de la terre et du vivant,
et dévastée par la perte de la femme qu’elle aimait ; perte
due à un cancer lié aux pesticides. J’ai adoré interpréter ce
rôle. M’approprier ce personnage. Aux côtés de partenaires aussi
prestigieux.
© Christine Tamalet*
DS : C’est la deuxième fois que vous jouez avec Pierre
Niney quel sorte d’acteur est-il sur un tournage ?
IM-BU-VABLE !!!
(Rires… !!!!)
Non,
évidemment je plaisante ! Ça ne vous étonnera pas si je vous
dis que c’est un immense acteur, travailleur, investi, avec une
intelligence et une créativité tout à fait remarquables. Pour
autant, ce qui m’a vraiment plu et touchée, ce sont tous les
moments où j’ai senti son âme sincère et sensible derrière tout
ça. Dans «Sauver
ou Périr» :
quand j’ai cru profondément à l’homme blessé qu’il
racontait. Car quand nous jouons, nous partons forcément de nous, de
nos chemins de vie, et les voir se rencontrer est toujours un plaisir
fort.
Dans
«Goliath»,
nous n’avons pas de scène commune ; lui et moi sommes dans
des univers diamétralement opposés, il joue un Mathias ambigu,
ambivalent, je joue une Lucie beaucoup plus simple, investie dans
l’idée de mener une vie tranquille au service des autres, en les
nourrissant. Pourtant, sans jamais nous rencontrer je suis au centre
de son histoire et lui au centre de la mienne.
DS : Pouvez-vous nous parler des autres comédiens qui font
partie du casting du film comme Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot,
Marie Gillain, Laurent Stocker, Jacques Perrin….. ?
Oui,
mais alors attention ça va être le moment «groupie»
(rires… !!)
Jacques
Perrin… ! ….JACQUES PERRIN !!! Je pourrais vous en
parler pendant des heures !! L’immense Jacques Perrin.
Mythique… Quel homme ! Quel homme de Cinéma ! Je suis
redevenue la petite fille rêveuse devant «Peau
d’âne»
ou «Les
demoiselles de Rochefort»
quand je l’ai rencontré. Et faire sa connaissance à travers ce
film qui rejoint d’une certaine manière les combats qu’il a
menés toute sa vie était incroyable.
En
fait, sans vouloir spoiler le film, à part avec Gilles, je n’ai
pas eu de scène commune avec mes camarades. Mais je les ai observés
car j’ai réalisé le making of du film et ça m’a permis de
porter mon regard autrement sur eux.
Et
j’ai eu une immense émotion en observant Emmanuelle Bercot
travailler. J’admirais déjà son travail en tant que réalisatrice
et actrice mais la voir à l’œuvre, sur le plateau, sa simplicité,
son investissement, sa capacité de concentration, d’adaptation,
tout ça m’a beaucoup impressionnée. Et son personnage de France
est bouleversant dans le film.
Gilles,
lui, est très surprenant dans ce rôle d’avocat. On ne l’a
jamais vu comme ça je trouve. Son personnage est très tendre.
Écorché. Perdu et combatif à la fois. Très émouvant. Se
rencontrer autour de nos personnages «du bon côté des
choses» était un heureux croisement de routes.
Et
Marie Gillain que j’adore, Laurent Stocker, le «David»
du film en quelque sorte, Yannick Rénier sont formidables dans leurs
rôles aussi bien sûr.
On
dit souvent ça, mais là c’est tout à fait vrai, malgré les
circonstances ultra difficiles et contraignantes du tournage (un des
tout premiers films sous covid), le tournage a été d’une douceur
infinie. Un grand bonheur ! Sûrement le propos qui nous a tous
rassemblés.
© Christine Tamalet / Single Man*
DS : Si je ne m’abuse c’est votre 3ème film où vous
êtes dirigée par Frédéric Tellier. Quel réalisateur est-il et
pourquoi pense-t-il souvent à vous et moins les autres ?
Pourquoi
pense-t-il souvent à moi ? C’est à lui qu’il faudrait le
demander ;-), mais j’en suis très heureuse !
C’est
un réalisateur amoureux des acteurs. Vraiment. Il nous place sur un
piédestal.
Et
je trouve qu’il nous tire toujours vers le meilleur. Il ne nous
lâche jamais tant qu’il n’a pas ce qu’il veut. Ou ce qu’il
pense pouvoir obtenir. Avec intelligence dans l’échange et la
création avec nous. Et avec une grande bienveillance. Toujours.
J’aime aussi sa discrétion quand il nous dirige. Malgré son
ébullition intérieure et les mille questions auxquelles il doit
répondre en permanence, il prend toujours un temps calme, apaisé,
pour s’adresser à nous. Il tient les ficelles de nos
marionnettes délicatement !
DS : On a pu vous voir également à la télévision dans un
épisode de la série Nina, ainsi que de Commissaire Magellan mais
aussi au théâtre dans l’Adieu à la scène. Où va votre
préférence TV, ciné, les planches ?
Et
je viens aussi de doubler le dernier film de Nanni Moretti, «Tre
Piani».
Les
plaisirs sont variés et immenses à chaque fois. C’est ce que je
trouve très enrichissant dans notre métier : qu’une actrice
puisse utiliser tous ses outils.
Avoir
la joie de jouer pendant un mois de folie, tous les jours, un
spectacle aussi essentiel que distrayant à Avignon, un échange
d’une incroyable délicatesse, d’une grande pertinence entre La
Fontaine et Racine, un spectacle qui interroge sur notre société,
drôle, intelligent au contact d’un public enthousiaste et
généreux ; enchaîner avec l’obscurité et le calme d’un
auditorium de doublage pour prêter ma voix à une héroïne
déboussolée, vacillante chez Nanni Moretti, et partir en Bretagne
élever un troupeau de vaches, devenir modestement la voix des
agriculteurs et agricultrices pour les besoins d’un film. Je
savoure ces différences et ces variations. Peut-être parce que j’ai
la chance de faire un peu de tout justement.
DS : Pendant un moment vous vous étiez lancée dans la
chanson qu’en est-il ? Une suite à cela ?
Ah
la la, oui ! C’est en chantier encore mais oui, une suite est
bien envisagée !
C’est
un travail en cours, les compositions avancent, j’ai sorti quelques
maquettes… j’ai manqué de temps dernièrement…work in
progress ;-)
DS : La pandémie a été difficile pour tout le monde,
comment l’avez-vous vécue et comment la vivez-vous encore ?
Cela a t-il beaucoup affecté votre travail ?
Évidemment.
Ce qui a sûrement été le plus difficile à vivre pour moi c’est
l’idée et le clivage entre un monde essentiel et un autre qui ne
le serait pas…
Par
rapport à quoi ? Qui a dit qu’un t-shirt valait plus qu’une
poésie ?
De
quoi notre monde a-t-il besoin ?
D’éducation.
Et d’Art. De Culture. J’en suis absolument convaincue. Et pour
les artistes, cette période a été très dure. Surtout pour ceux
qui ne sont pas dans le système ou qui n’ont pas de - statut
d’intermittent - et qui ont dû piocher sévèrement et longuement
dans leurs économies personnelles pour tenir. Et ils sont très
nombreux.
Pour
ma part, c’est tout à fait privé mais j’étais enceinte, et
j’ai vécu des choses absolument scandaleuses, insensées. Mais la vie, ce cadeau de vie prend le dessus. Et au
risque de paraître naïve, c’est le plus beau ! Et
l’essentiel ! Je crois !
DS : Parmi les films à venir on devrait vous retrouver dans
«Les onze vies de L’abbé Pierre», toujours de
Frédéric Tellier avec Benjamin Lavernhe et une fois de plus
Emmanuelle Bercot. Pouvez-vous déjà nous en parler ou du moins de
votre rôle ?
Oui,
c’est un nouveau très beau projet de film. Sur un homme
inoubliable, et incontournable. Une des personnalités préférées
des français. Il s’agit d’un biopic extrêmement ambitieux qui
retrace toute sa vie depuis son enfance jusqu’à sa mort. Le
scénario est bouleversant. Et les premières semaines de tournage
déjà effectuées laissent présager d’un grand film à venir.
Quant
à mon rôle, c’est plus une participation, je joue une des proches
de l’abbé sur la dernière partie de sa vie. D’une lignée qui
existe depuis la création d’Emmaüs, mais je n’en dis pas plus,
je vous laisserai découvrir ça sur grand écran en 2023 !
DS : Que pensez-vous des réseaux sociaux surtout Instagram,
TikTok, dans notre monde actuel ?
Une
amie appelle ça les réseaux anti-sociaux ! Un autre ami les
«cas sociaux» !
…comme
pour tout je crois, le problème est dans la démesure. Dans l’excès.
On
se «suit» et on se voit de moins en moins ;-)
Le
poids qu’ils ont pris dans nos vies me fait un peu peur en fait.
Je
ne suis pas sûre d’aimer ce monde dans lequel un youtubeur, qui
aurait - tant de centaines ou milliers - de «followers»
vaudrait - tant - et serait, par conséquent, la personne idéale pour
incarner un rôle, écrire un livre… sans être acteur ou sans être
écrivain…
Un
monde dans lequel un influenceur gagne un mois de salaire (quand ce
n’est pas un an) en une journée, pour faire un «post»
sur un produit pour une marque.
Heureusement,
il y a de belles surprises. De beaux projets. Des petits bijoux de
films, de livres, de spectacles (pour ne parler que de ça) qui
échappent à ces nouvelles règles.
Le
discours d’Arthur Harari aux César cette année m’a fait du
bien. On a besoin de personnes qui aient du courage. Qui se battent
pour la liberté.
DS : Pouvez-vous nous parler des autres projets que vous
avez à venir si c’est possible ?
J’ai
donc réalisé le making of de «Goliath».
J’ai suivi toute la fabrication du film. Une longue et passionnante
expérience. J’en termine le montage. C’était tout nouveau et
très fort pour moi de vivre et filmer un tournage sous cet angle. Et
ce nouveau point de vue m’a d’ailleurs donné d’autres
envies… ;-)
Je
reprends le tournage de « Les onze vies de l’abbé pierre
cet été et j’ai deux autres projets de films et une pièce de
théâtre pour l’année prochaine. Et la musique bien sûr !
Le
tout en élevant mes deux filles chéries…le rôle de maman
est aussi un important et très joli rôle !
DS : Un dernier mot pour les lecteurs ?
Si
vos lecteurs vous lisent j’imagine que c’est qu’ils aiment la
culture et les émotions collectives ! Alors je leur souhaite de
tout mon cœur de grands et beaux moments d’émotion à venir !
Dans ces salles de spectacle, de cinéma que nous aimons tant et
qui nous ont tant manqué ces derniers temps !!
Merci à Chloé que je n'aie jamais perdu de vue. Toujours un petit mot gentil dans l'année. Une artiste dans tous les sens du terme, une comédienne, mais une femme humaine, avec une belle lucidité et la tête sur les épaules, comme on aimerait qu'il y en ait plus dans notre monde.
Crédits photos : * © Christine Tamalet - Autres Chloé Stefani
Vous aviez pu lire une interview de Chloé Stefani lors de la sortie du film " L'Affaire SK1 " en février 2015. Elle se livr...