Musique, Phoenix nouvel album Alpha Zulu

Musique, Phoenix

Comme raconté dans leur livre Liberté, Egalité, Phoenix ! sorti en 2019, Thomas, Christian Mazzalai, Laurent «Branco» Brancowitz et Deck d’Arcy forment une famille depuis maintenant plus de 30 ans. Le livre - achevé alors même que les prémisses d’Alpha Zulu commençaient à se dessiner - se conclut par Branco reconnaissant que pour la première fois dans l’existence de Phoenix, ils ont essayé de suivre, musicalement, le chemin le plus direct, le plus spontané, et de voir où cela les mènerait. S'ils n'avaient pas vraiment prévu que la pandémie mettrait tant à l’épreuve les sessions d'enregistrement de leur septième album, ils ne se sont pas pour autant sentis pris en otage par celle-ci.

Lorsqu’ils se sont dit au revoir au printemps 2020, conscients du sérieux de la situation, il était clair que les retrouvailles ne seraient pas immédiates (Thomas vivant à New York). Les membres de Phoenix ne composent jamais chacun de leur côté mais toujours ensemble, ils n’ont donc pas vraiment essayé de le faire à distance pendant ces périodes de séparation forcée.

Lorsque le groupe a finalement été réuni à Paris après de longs mois «Nous étions presque en transe» s’émerveille Christian. Leur nouvel espace d'enregistrement au sein du Musée qui les a accueilli en résidence n'a fait qu'ajouter à ce sentiment. «Nous avons pensé que ce serait une aventure fantastique de composer dans un tel lieu.» rajoute Branco. Ayant longtemps fantasmé sur une scène du film Bande à part de Jean-Luc Godard sorti en 1964, dans laquelle un groupe de jeunes cambrioleurs tente de s’infiltrer à l’intérieur du Louvre. «La pandémie nous a fait vivre cette scène quasi à l’identique, être seuls, dans un musée vide».

Pendant les confinements successifs, alors que le musée était fermé au public, l’accès à leur studio ne pouvait se faire que par une porte dérobée, située dans une aile opposée, nécessitant de traverser pratiquement tout le musée de salles en salles, sombres et vides de toute présence humaine, regorgeant néanmoins de trésors, de statues drapées, allant du design étincelant du groupe Memphis jusqu’au trône d'or grandiose et loufoque de Napoléon. "Je redoutais un peu que tant de beauté ne rende difficile la possibilité de créer quoique ce soit" explique Christian. "Mais l’inverse s’est produit : nous n’avons pas cessé d’écrire. Au cours des 10 premiers jours suivant le retour de Thomas, nous avons écrit presque tout l'album".

Et cette fois, ils ont avancé seuls, avec jubilation, guidés par l'esprit de feu Philippe Zdar, leur collaborateur de longue date et ami proche, décédé en 2019 à qui l’album est dédié. "Par instants, nous pouvions ressentir sa présence et ses idées. ‘Jeté’, c'est un mot que Philippe utilisait beaucoup, comme lorsqu’on lance quelque chose très vite, sans trop réfléchir." raconte Christian.

Le groupe a mis ce principe en pratique : une bonne moitié de l'album est constituée des premières prises enregistrées", précise Christian. "Ce sont elles que nous avons gardées. Quand nous avons essayé de réenregistrer les guitares et les boucles de batterie par exemple, le résultat était moins pur, moins candide. Sur cet album, toutes les prises, tous les textes, sont venus très vite et sans que nous ayons réellement le contrôle".

C'est, dit-il, l'un des éléments clés de ce nouvel album: "Il s’agit presque d’un rêve éveillé. Une rêverie. C'est véritablement l'un des mots clés. Il y a quelque chose de subconscient que tu ne contrôles pas." Une libération, un choc d'émotions, de styles et d'époques issus de cet incubateur stylistique fou qu'est le Musée des Arts Décoratifs : The Only One, avec ses percussions béates, s'oppose à All Eyes on Me, au beat presque techno. L'accent a été beaucoup mis sur "l'espace négatif" également - un concept très Zdarian : quand l’invisible devient plus visible, plus essentiel que le reste ; à l’instar de l’importance de l’espace vide des murs blancs séparant les oeuvres d’un musée – Corrélatif de la rêverie, un romantisme pur irrigue également cet album, nimbé de la conscience de la préciosité d’un tel sentiment. My Elixir, chanson solitaire, distante, au ton faussement nonchalant, est un peu l’équivalent d’un karaoké chanté seul dans un bar vide. « Tell me anywhere is home » implore-t-il dans la chanson : « Can we go home? ». Vivre aux États-Unis, où l’atmosphère passablement sombre et anxiogène a des traits parfois apocalyptiques, a incité Thomas à être plus direct dans ses paroles. C'est avec cet abandon qu’il a écrit la seule chanson de l'album qui n'a pas été composée en studio, mais à distance. Ses camarades lui ont envoyé une longue boucle instrumentale sans refrain et lui ont demandé d'enregistrer ce qui lui traversait l’esprit, son flux de conscience.

Winter Solstice en est le résultat. Peut être la chanson la plus mélancolique de Phoenix, une rumination passant progressivement de l'obscurité à la lumière. "Turn the lights on / Find me a narrative / Something positive / This requiem played a few times before", chante Thomas, désarmé.

Composer au sein du Musée des Arts Décoratifs a permis à Phoenix de boucler la boucle, d'une certaine manière. Situé à l’écart des expositions, leur studio a aussi servi d’espace de transit et de stockage pour toutes sortes d'œuvres du musée : "Dalí y a côtoyé des artefacts médiévaux autant que des sculptures de Lalanne. "Les coulisses du musée sont comme un mashup", dit Deck. "C'est très pop d'une certaine manière - comme la façon dont nous faisons de la musique».

 Phoenix nouvel album Alpha Zulu

Photo: Shervin Lainez
Toit du Musée des Arts Décoratifs, Paris

 Phoenix annoncent donc la sortie de leur nouvel album Alpha Zulu, successeur de Ti Amo (2017) pour le mois de Novembre (Loyauté/Glassnote Records/ALSO) Produit par le groupe et enregistré dans un studio aménagé au sein du Musée des Arts Décoratifs de Paris, Alpha Zulu incarne ce que Phoenix font de mieux : d’imparables mélodies alliées à une production d’orfêvres.

Plein du panache français qu’on leur connait, Alpha Zulu est à la fois novateur, accessible et un rappel manifeste de l’influence éprouvée de ces quatre français sur la pop culture contemporaine. Après Alpha Zulu, premier single sorti au mois de Juin dernier, le groupe dévoile aujourd’hui une nouvelle chanson - Tonight - en duo avec Ezra Koenig du groupe Vampire Weekend. Une première pour Phoenix !

La vidéo accompagnant le single, que vous pouvez visionner plus bas, réalisée par Oscar Boyson a été tournée à Tokyo et Paris (en partie au Musée des Arts Décoratifs).

Phoenix a annoncé également une tournée mondiale qui a démaaré aux Etats-Unis et qui est annoncé les 28 et 29 novembre à l'Olympia de Paris.

J'avais déjà adoré leur titre Alpha Zulu dont j'avais parlé cet été, j'aime tout autant celui-ci.

PHOENIX

Nouvel album le 4 novembre 2022

Titre : Alpha Zulu

Tracklisting :

1. Alpha Zulu
2. Tonight feat. Ezra Koenig
3. The Only One
4. After Midnight
5. Winter Solstice
6. Season 2
7. Artefact
8. All Eyes On Me
9. My Elixir
10. Identical 

 

Crédit vidéo : Phonenix - © 2022 LOYAUTÉ under exclusive license to Glassnote Entertainment Group LLC

 

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