Critique film Elaha réalisé par Milena Aboyan

 Critique Elaha réalisé par Milena Aboyan

 SORTIE EN SALLE LE 7 FÉVRIER 2024
 
ELAHA
Réalisé par Milena Aboyan
Avec : Bayan Layla, Derya Durmaz, Nazmi Kirik, Armin Wahedi, Derya Dilber, Cansu Leyan
Distribué par Wayna Pitch
Genre : Drame
Origine : Allemagne
Durée : 1 h 50
 
Synopsis
 
 Elaha, une jeune femme d’origine kurde de 22 ans, cherche par tous les moyens à faire reconstruire son hymen pensant ainsi rétablir son innocence avant son mariage. Malgré sa détermination, des doutes s'immiscent en elle. Pourquoi doit-elle paraître vierge, et pour qui ?
Alors qu’un dilemme semble inévitable, Elaha est tiraillée entre le respect de ses traditions et son désir d’indépendance.

Critique Elaha réalisé par Milena Aboyan

A propos de la réalisatrice

Milena Aboyan est née kurde yézidie en Arménie en 1992. En Allemagne, en 2010, elle a commencé une formation sur quatre ans pour devenir actrice. Au cours de ce programme, elle a joué dans plusieurs pièces de théâtre. Après avoir obtenu son diplôme, elle change de discipline et commence à se concentrer sur l'écriture. Elle a travaillé en tant qu'assistante dramaturgique pour une série de l'ARD diffusée en début de soirée. En 2015, elle a étudié l'écriture de scénarios à la Filmakademie Baden-Württemberg. En 2019, elle a remporté le prix du scénario d'Emden. ELAHA est son dernier film à la Filmakademie. Il a déjà reçu le "Kaiju Cinema Diffusion Prize" au Festival du film de Locarno.

Note de la réalisatrice

"L'histoire de la sexualité des femmes est une histoire d'autorité masculine sur le corps féminin. C'est pourquoi je n'ai pas été surprise lorsque je suis tombée sur le produit VirginiaCare. Ce produit a été conçu pour aider les femmes en détresse à simuler leur prétendue "virginité" à l'aide de capsules de faux sang. L'idée erronée, selon laquelle la "virginité" d'une femme peut être prouvée par un "hymen" qui se déchire et saigne lors de rapports sexuels avec pénétration, est une invention dangereuse. En réalité, aucun hymen ne ferme l'entrée du vagin. Il s'agit plutôt d'une membrane muqueuse qui encadre l'ouverture du vagin comme un petit anneau, qui ne se déchire et ne saigne pas nécessairement pendant les rapports sexuels. Au contraire, de nombreuses femmes ne saignent pas après leur premier rapport sexuel avec pénétration Notre film raconte l'histoire de la jeune Elaha, qui se bat jusqu'à littéralement donner de sa personne, pour retrouver sa supposée "virginité". Pourtant, son histoire n'est qu'une infime facette de ce à quoi nous, les femmes, sommes exposées indépendamment de notre origine, de notre religion ou de notre culture – nos corps sont observés, évalués et contrôlés depuis des siècles. C'est pourquoi je dois souligner que le problème d'Elaha ne peut être réduit à son origine ou même à ses traditions et doit être considéré de manière universelle. Parce que la racine de son problème se trouve dans le patriarcat, qui a été considéré comme un ordre social évident dans l'histoire de l'humanité. Je suis préoccupée par l’idée d'éclairer, d'identifier et de briser ce système de domination. Cependant, nous ne pouvons réussir que si, comme Elaha, nous questionnons de manière désobéissante cet ordre social inégalitaire et si nous nous engageons à ne jamais nous taire". - Milena Aboyan

Critique Elaha réalisé par Milena Aboyan 

A propos de l'interprète principale

Bayan Layla, née et ayant grandi en Syrie, a commencé à étudier l'architecture à l'université de Hama avant d'acquérir sa première expérience scénique à Leipzig, sa ville d'adoption, en 2015. En 2016, elle joue dans ROMÉO ET JULIETTE à la Bürgerbühne du Staatsschauspiel de Dresde. En 2017, elle incarne le rôle d'une aspirante comédienne dans IPHIGÉNIE à la Volksbühne Berlin, avant de tenir le rôle principal dans la production DAYS IN THE SUN au Theater an der Ruhr en 2018. En 2019, elle commence à étudier l'art dramatique à l'Académie de théâtre August Everding. Au cours de sa troisième année d'études, elle s’engage au Badisches Staatstheater de Karlsruhe, où elle travaille avec les metteurs en scène Anna Bergmann, Marthe Meinhold et Marius Schötz, entre autres. Bayan joue le rôle principal dans son premier film, ELAHA, qui remporte le prix Kaiju Cinema Diffusion Prize (section First Look) au
festival du film de Locarno. En 2023, ELAHA est présenté en avant-première au Festival international du film de Berlin. Bayan y est nommée pour le prix Perspektive-Talent.

 Critique Elaha réalisé par Milena Aboyan

Milena Aboyan avec ce long métrage nous offre un  magnifique film où une jeune fille est tiraillée entre sa famille et ses coutumes, ses amies, son futur mari, mais qui veut être une femme de nos jours.
 
Les premières images nous montrent une jeune fille habillée comme celle de son époque, et la minute d'après nous la retrouvons à un mariage vêtue avec une robe comme le veut sa tradition. Alors qu'elle s'amuse et danse, sa mère va la rappeler en lui disant qu'elle doit bien se tenir. Le ton est donné. 
 
De descendance Kurde, Elaha doit se marier et prouver qu'elle est vierge. Ne l'étant plus il lui faut trouver une solution par rapport à son hymen. De là des chemins vont s'ouvrir à Elaha. Doit-elle tout avouer ? Refaire faire ce qu'elle n'a plus ? Quitter son futur mari, sa famille ? 

On peut suivre le parcours mental de cette - bientôt - femme complètement perdue et qui cherche de l'aide mais qui est souvent trahie que ce soit par sa belle-sœur, son futur mari qui parfois doute de sa virginité, comme dans une scène très forte en voiture, par sa mère qui sous l'emprise de la future belle famille de sa fille, qui est aisée, peut accepter n'importe quoi sous prétexte de prouver telle ou telle chose. 

Alors que ce film se déroule en Allemagne, où est installée la famille d'Elaha, on pourrait croire que leur mentalité a évolué, mais il n'en n'est rien et pour de nombreuses choses ils vivent comme ci ils étaient encore dans leur pays d'origine. 
 
De nombreuses scènes sont marquantes, car l'on s'aperçoit que l'homme peut se permettre des libertés que les femmes n'ont pas le droit de faire.

Ce long métrage vaut beaucoup par le superbe jeu de Bayan Layla qui passe par différentes émotions et différentes étapes de sa vie en peu de temps. Belle, parfois sensuelle dans ce film, elle apparaît parfois comme une gamine et d'autres fois se métamorphose en une vraie femme. Une réelle révélation qui porte ce film de bout en bout.

Le sujet de Milena Aboyan tient plus que la route, sa manière de filmer aussi, et l'on se met à penser que tous les jours on peut croiser une jeune fille comme Elaha et qu'il suffit d'un rien pour qu'une personne puisse l'aider juste avec quelques mots, quelques gestes, histoire de lui ouvrir les yeux sur ce qui l'entoure.
  
Critique Elaha réalisé par Milena Aboyan
 
Le combat des femmes est loin d'être terminé, que ce soit pour le cas de cette jeune fille, mais pour d'autres faits également. Elaha est le reflet d'une société que l'on voudrait voir disparaître et où tout le monde, hommes comme femmes seraient égaux et disposeraient de leur corps comme bon leur semble. Nous sommes encore loin de cela, et avec cette œuvre la réalisatrice, avec une intelligence rare nous offre un film réellement honnête qui va toujours au but.

Cette jeune femme qui se veut libre, mais qui en fait ne l'est pas car "enchainée" à certaines traditions, devra t'elle prouver jusqu'au bout qu'elle est pure ou lavera t'elle son honneur d'une façon inattendue ?

Critique Elaha réalisé par Milena Aboyan

MA NOTE : 4.1/5
 
 Récompenses et festivals

2023 Festival international du film de Berlin
2023 Les Arcs Film Festival
2023 Festival du Cinéma Allemand de Paris
2023 Festival international du film d'Arras

2024 Festival Premiers Plans d'Angers
2024 Festival International du Film Politique de Carcassonne
2024 Festival international du premier film d'Annonay


Crédits photos et vidéo : Wayna Pitch -  © Kinescope Film - Christopher Behrmann

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