Critique film Le chant des vivants

 

film Le chant des vivants
 
 LE CHANT DES VIVANTS 

Synopsis
 

Survivants de la longue route, Bailo, Egbal, Chérif et les autres arrivent dans le village de Conques, en Aveyron. Là, une association, Limbo, permet au groupe de se poser un temps. Tous ont enseveli la mémoire de leur exil. Grâce à un travail musical, ils vont tenter de faire ressurgir cette parole murée sous la forme d’une simple chanson.

 
film Le chant des vivants

Ce documentaire est réalisé par Cécile Allegra. Cette dernière est une réalisatrice franco-italienne. Cécile a tourné plus d’une quinzaine de documentaires principalement pour Arte et France Télévisions. En 2015, elle a remporté le prix Albert Londres pour Voyage en Barbarie, un long métrage documentaire qui raconte l’errance entre Le Caire et le cercle polaire arctique de six jeunes survivants des camps du désert du Sinaï. Le film a remporté 18 prix français et internationaux. En 2018, elle est lauréate de l’Atelier Scénario de l’École française de cinéma, la FEMIS, puis en 2019 de la résidence Talents Unlimited à Cannes. Elle développe aujourd’hui plusieurs projets de fiction, en embrassant toujours le parti d’un cinéma engagé.

Film Le chant des vivants

Parmi les protagonistes du film

- Bailo (20 ans, Guinée Conakry)

Bailo parle peu. Il regarde souvent dans le vide, son esprit fixé sur un moment, comme s’il se le repassait en boucle, en fumant clope sur clope. À 17 ans, il a participé à une manifestation contre le régime guinéen. En 48 heures, il s’est retrouvé enchaîné, battu, dans une prison d’état. Sa famille a payé ses geôliers, il s’est enfui. La violence de cette bascule l’obsède et l’a longtemps emmuré dans un silence total. Aujourd’hui il écrit des textes qui disent sa longue route.

- Egbal (24 ans, Soudan)

Egbal a grandi dans les monts Nuba. Un matin, cette étudiante en kinésithérapie a dû fuir son village bombardé. Lumineuse, l’esprit vif, maîtrisant l’anglais, l’arabe et plusieurs dialectes, Egbal prend en main ceux qui sont tristes, à la traîne, ou mutiques. Pour peu, on pourrait penser qu’il ne lui est strictement rien arrivé. C’est ce qu’Egbal s’acharne à faire croire.

- Anas (28 ans, Erythrée)

Grand et baraqué, Anas est en permanence projeté vers les autres, et d’une bonne humeur contagieuse. On a tendance à croire qu’il parle parfaitement le français tant il essaye de communiquer, de donner à l’autre l’impression qu’il comprend tout. Son corps solide s’effondre instantanément, dès que l’on prononce le mot : «Libye».

- David (25 ans, Guinée Conakry)

David aime jouer l’homme sûr de lui et indépendant. Les écouteurs vissés aux oreilles, il entre toujours dans la pièce avec les épaules droites et le menton un peu dressé. Derrière cette dureté apparente, il possède un grand sens de l’humour et un amour de la danse et de la musique, qui viennent adoucir les épreuves qu’il a traversées pendant ses 6 mois dans le «campo» lybien.  

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- Sophia (23 ans, Nigéria)

Pour ceux qui la connaissent mal, Sophia semble être une jeune femme taiseuse, peu curieuse du monde qui l’entoure, obsédée par son téléphone. Mais quand elle se sent en confiance, Sophia révèle sa véritable nature : celle d’une enfant trop vite obligée de devenir femme, à la fois fragile et puissante, avec l’élégance d’une reine et un courage infini.

- Hervé (28 ans, République Démocratique du Congo)

Hervé a été brisé par l'attaque qu'il a subie au détour d'un chemin dans son pays natal. Aujourd’hui, la blessure qui zèbre son estomac semble habiter son esprit plus encore que son corps. Il trouve refuge dans la musique classique qu’il écoute en boucle, et dans la douceur et la bienveillance des bénévoles de Limbo.

- Chérif (21 ans, Guinée Conakry)

Son appartenance à l’ethnie Peulh est inscrite dans les fibres de Chérif. Couturier de grand talent, il créé tous les vêtements qu’il porte et rêve d’en faire son métier. Mais lorsqu’il doit traduire ses émotions les plus intimes, c’est sur le papier qu’il les couche, à travers des paroles engagées et sans retenue.  

- Michael, Haylat, Victoria, Fadumo, Ismail, et les autres

Logés dans des CADA (Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile) d’Île-de-France et du Nord de la France, ils viennent à Conques plusieurs fois par an, pendant les vacances scolaires. Très inquiets de l’avancement leurs démarches d’asile, ils ne sont pas forcément disponibles à chaque session. Tous sont tourmentés par l’inquiétude de savoir si leur récit a convaincu, s’ils pourront continuer à vivre dans le même lieu, sans une énième rupture qui viendrait encore rompre le fil déjà haché et discontinu de leur existence.  

Tous ont leur histoire et sont plus émouvants les uns que les autres.

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Genèse

Un jour de juin 2014, Cécile Allegra sort du Sinaï en emportant les derniers rushs deVoyage en Barbarie1. En Egypte, elle a rencontré H., survivant d’une longue détention dans le Sinaï. Son esprit est emmuré dans la douleur, comme il l’est, lui, au dernier étage de cette tour du Caire. À la fin du tournage, H. confie à Cécile : «tu es un mirage qui va s’évaporer, dans quelques minutes, il ne restera rien». Elle lui fait alors une promesse, dont elle connait les dangers : celle de le sortir de là. Cécile est entrée dans le Sinaï en tant que réalisatrice, elle en revient décidée à s’engager. À son retour en France, elle parle aux officiers de l’OFPRA2, du MAE3, aux parlementaires de l’Assemblée, du Sénat français, du Sénat italien : à tous, elle leur répète que ce qu’elle a vu n’est pas «juste» un trafic, mais un système concentrationnaire. À l’automne 2015, quelque chose bouge enfin. Grâce à l’OFPRA, elle parvient à faire sortir H. avec M., un autre mineur survivant. Ils arrivent en France avec un visa pour l’asile et s’installent dans un CADA4 en Alsace. Cécile croit alors que le plus dur est derrière eux, qu’elle a fait tout ce qu’elle a pu. Cinq mois plus tard, son téléphone sonne : H. a été trouvé inanimé, sur le sol de son dortoir. Il n’a pas pris une corde, ne s’est pas ouvert les veines. Il s’est juste couché sur son lit et il est resté là sans boire et sans manger. Jusqu’à tomber dans le coma. Il s’en est sorti de justesse. Dans les jours qui ont suivi, Cécile créé l’association Limbo. Une vingtaine de personnes, psychologues, art-thérapeutes, militants en font partie et réfléchissent ensemble à la meilleure manière d’accompagner les survivants des camps de torture lybiens.

Depuis 2016, Limbo organise des séjours thérapeutiques à Conques. Six fois par an, ce village de l’Aveyron accueille une dizaine de jeunes ayant survécu aux camps de Libye : le temps d’une semaine, ils suivent des séances d’art-thérapie et de musicothérapie pour se reconstruire. Peu à peu, un lien se renoue entre leur corps torturé et leur psyché meurtrie. Pour certains d’entre eux, la reconstruction s’ébauche très vite. Pour d’autres, il faudra plus de temps. 

1 Un film co-réalisé avec Delphine Deloget.
2
Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides.
3
Ministère des Affaires étrangères.
4
Centre d’accueil de demandeurs d’asile.

Le cadre du film est placé, les protagonistes aussi. 

Ce film est musical, et grâce à Mathias Duplessy ces jeunes travaillent sur des chansons qui vont les aider à mieux parler et grâce à l'association Limbo et avec ces cours de chants ils vont pouvoir évacuer leur mal être, leurs souffrances, mais aussi grâce au théâtre, à la danse.

C'est à Conques, dans un refuge, qu'ils vont se ressourcer et trouver de la tendresse, et essayer d'oublier.

Ce documentaire malgré ce que ces êtres ont vécu, les peines qu'ils ont pu endurer, est paisible. L'espoir pour eux est là, présent et ils se remettent à espérer. Les saisons s'égrènent, les sessions aussi, et au final on redécouvre des personnes qui retrouvent goût à la vie grâce à une autre forme d'expression qu'est la musique. 

Ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs. Ce film est l'assurance que c'est vrai. 

film Le chant des vivants 

A propos de la Fondation Limbo

Fondée en 2016, Limbo est une association reconnue d’intérêt général, qui accompagne dans leur réparation des survivants du trafic et de la torture en Libye. Les jeunes soutenus par Limbo présentent un
état de stress post-traumatique, lié aux graves
violences et violations des droits humains dont ils ont été victimes. Ils disent qu’ils ont «traversé l’enfer». Systématiquement torturés, ils subissent la désorganisation de tous leurs rythmes biologiques et psychiques. Des cauchemars les hantent, autant d’images qu’ils ne peuvent contrôler - surtout la nuit : ce sont des images sans vie, mais peuplées de bruits, d’odeurs. En découlent des symptômes multiples. Ces symptômes sont d’ordre somatique (maux de tête, troubles de la sphère digestive) et psychiques (difficulté de concentration, de repérage temporel, versant dépressif, angoisses, cauchemars, difficulté d’endormissement). Parfois peuvent aussi apparaître, de façon transitoire, des hallucinations et des passages délirants. Face à ce constat, Limbo a mis en place des Séjours de Résilience. Six fois par an, pendant les vacances scolaires, l’association accompagne un groupe de 10 survivants. Ces séjours se tiennent à Conques, village médiéval de l’Aveyron, qui par sa nature - un petit hameau protégé au milieu des collines - offre une structure stable et un cadre apaisant, propices au travail de résilience. Depuis 2022, les séjours sont également accueillis dans un tiers-lieu solidaire en Picardie, à Autrêches.

Soutenus par une psychologue, une art-thérapeute et des encadrants bénévoles, les jeunes participent chaque jour à un atelier d’art-thérapie, autour de la danse, la musique, le théâtre... Le reste de la semaine est constitué de visites chez des artisans, d’activités en plein air, d’expérience de vie en communauté. Peu à peu, ces hommes et ces femmes commencent à revenir à la vie.

film Le chant des vivants
 
 LE CHANT DES VIVANTS
Titre original : Songs of the Living
Réalisé par Cécile Allegra
Distribué par La Vingt-cinquième heure
Genre  : Documentaire
Origine : France
Durée : 1 h 22
En salle le 18 janvier 2023

Sélections et récompenses en Festivals

Prix :

2022 - Prix du Public, Prix Paris Solidarité et Prix Unaforis - Festival du film social (itinérant)

2022 - Young Vision Award - Millenium Festival (Bruxelles)

Sélections :

 2023 - Festival Au Cinéma pour les Droits Humains (Paca, Corse, Languedoc, Auvergne - Rhône Alpes et la côte méditerranéenne)

2023 - Festival Cinéma et Droits de l'Homme (Toulouse et Occitanie)

2022 - Images mouvementées (Paris)

2022 - Festival du Film Social

2022 - Amnesty Film Festival (Paris) - Film de clôture

2022 - Mois du Film Documentaire (Meuse)

2022 - Migrant'scène (Valence)

2022 - Toiles sous Toile (Clichy-sous-Bois)

2022 - Millenium Festival (Bruxelles)

2021 - Visions du réel (Nyon, Suisse) - Film d'ouverture


  

 Crédits photos et vidéo : La Vingt-Cinquième heure - ©TS Productions RVB

 

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