Traîne pas trop sous la pluie de et avec Richard Bohringer

Cher Monsieur Bohringer, 

Je ne savais pas trop quoi penser en allant vous voir. De surcroît seul sur scène. Vous m'impressionniez, je dois avouer et je vous pensais sévère. "La vérité si je mens"* vous n'êtes pas du tout comme je l'imaginais, vous êtes une "Diva".

Être au Théâtre de l'Atelier c'est un peu comme à "La Maison". Vous êtes arrivés de noir vêtu et avez débuté votre spectacle avec un texte sur le voyage. On y retrouvait le capitaine de vaisseau Giraudeau, et vous nous avez embarqués dans votre histoire, si bien qu'à la fin du texte vous vous êtes tourné et nous n'avons pas applaudi. Vous nous avez excusés, nous disant que c'était la première et que l'on ne pouvait pas savoir. Que l'on ferait mieux lorsque nous reviendrions

De là, vous nous avez parlé de vos potes qui ne sont plus mais qui vous, qui nous, observent : Roland Blanche, Jacques Villeret, Capitaine Giraudeau et bien évidemment Philippe Léotard. Ce devait être "Une époque formidable". Que d'anecdotes sur vous, sur eux, et que de rires vous avez pu déclencher sur nous "les sous-doués", face à votre interprétation et vos textes formidables.

Tel un "Animal" vous avez enchaîné avec un récit sur la boxe. C'était "Un combat de fauves", vous vous agitiez sur scène "comme une bête", vous étiez sur le ring avec Mendy et vous nous avez fait voyager cette fois ci vers l'Afrique. Il faut dire que vous avez bourlingué.

Entre chaque texte, vous vous êtes désaltéré avec de l'eau coûteuse ma foi d'après vos dires, et à chaque fois vous nous avez parlé "des uns des autres", de vos démons, de votre ancienne maîtresse qu'est l'alcool.
Vous avez évoqué la Belgique d'où vous reveniez. Et les gaufres, ah les gaufres de Liège. La prochaine fois que je me rendrai dans ce beau et plat pays, je penserai à vous forcément.

Votre texte sur cette femme à New-York et vous avec votre pull vert tricoté par votre grand-mère, était si beau. Bien que noire, cette femme devenait "La reine blanche" au travers de votre texte.

Et de nouveau entre chaque lecture, vous buviez de l'eau et vous recommenciez à sourire, à nous faire rire et à nouveau vous nous emmeniez sur "le grand chemin" en nous contant d'autres histoires réelles que vous avez vécues.

Vous avez pris un nouveau manuscrit et vous ne saviez plus quoi nous lire. Sur un chevalet étaient posées vos différentes oeuvres.  Vous en avez tellement composées. Pour certains écrits c'était un peu les "confessions d'un barjo". Surtout lorsque vous aviez 18 ans et que vous avez pondu un poème qui était tout sauf poétique et pourtant vous le pensiez censé, et en fait à chaque fois que vous en faîtes la lecture, vous faîtes rigoler le public avec cette exégèse. Vous voyez je suis gentille, nous dirons que vous aviez l'excuse de la jeunesse mais jamais ce texte ne pourra émouvoir. Désolée !!!

Dieu que vous avez fait les 400 coups durant 40 ans, mais "au bout du rouleau" il a fallu "un retour aux sources" pour voir vos filles, vos petits-enfants grandir car vous en êtes fiers et vous avez raison. Sans cela "le capitaine des ténèbres" vous attendait afin de vous faire rejoindre vos acolytes. Mais cela vous ne l'avez pas voulu et vous avez bien fait.

Vous avez évoqué votre dernière pièce jouée avec vos deux filles : une qui vous soufflait et l'autre qui vous donnait la réplique. "Une histoire d'amour", nommée "J'avais un beau ballon rouge",  et dire que j'ai loupé cette belle rencontre avec votre fille Romane, qui d'ailleurs fière, se trouvait dans la salle lors de cette première, mais qui a su se faire toute petite pour vous laisser seul maître à bord.

Vous nous avez tellement parlé entre vos lectures que j'aurais pu vous écouter des heures quitte à louper "le dernier métro". 

Vous avez évoqué "la bête noire" qui a failli être "le juge" final, mais il n'y a pas "péril en la demeure" et le soir où je suis allée vous voir vous étiez là et bien là.

Vous avez évoqué votre femme, mais je me tairais car on garde caché "les amours secrètes". Avec Madame, vous avez gagné "le pactole" et je ne voudrais pas jouer "l'intruse" en rapportant ce que vous nous avez avoué parfois durant cette soirée mémorable.

Vous auriez pu jouer des heures je pense, délesté des différents abus que vous avez pu faire mais pour lesquels vous avez payé "l'addition", car il faut le dire vous avez été "Kamikaze". Vous avez atteint "les rives du paradis" et vous nous avez prouvé que nous pouvions encore compter sur vous.
"Alors heureux" ? Très certainement. Nous nous l'étions. Au travers de vos paroles que nous buvions, et de votre prestation nous avons vécu "les saisons du plaisir".

Non vous n'êtes pas "mauvais genre" et j'implore "le grand pardon" si j'ai pu douter de vous. C'est "le cri du coeur" car durant 1 h 30 j'ai ri, j'ai eu larme à l'oeil et vous nous avez envoûtés.

Vous êtes un grand, un très grand Monsieur, sensible, au coeur tendre sous des apparences de faux dur. Et votre "sourire" on voit que vous êtes heureux d'être là parmi nous, avec nous, sur scène, cet endroit qui vous le rend tant.

Vous êtes aussi fragile, mais sur scène vous êtes "comme une bête" et vous envoûtez votre public. D'où cette standing ovation à la fin. 

Vous êtes un jongleur de mots, vos écrits son admirables et nous donnent le vertige, ainsi qu'un narrateur hors pair. Quand je suis ressortie encore toute étourdie et captivée par ce que je venais de vivre, il est vrai que j'ai pensé que vous aviez raison "c'est beau une ville la nuit" et je suis allée boire un coup à votre santé.

Bien à vous "l'Amiral"

Bon vous aurez compris que j'ai adoré voir la prestation de Sieur Bohringer, avec sa voix reconnaissable entre mille. Je n'ai rien à ajouter ne serait-ce que cette pièce vous emmène faire un beau voyage. Allez vite la découvrir car il n'y aura que  30 représentations exceptionnelles sur Paris.
TRAÎNE PAS TROP SOUS LA PLUIE


Au Théâtre de l'Atelier
1, place Charles Dullin
75018 PARIS
Tél : 01 46 06 49 24
Depuis le 8 mars et jusqu'au 23 avril 2016
Du mardi au samedi à 19 h 

L'histoire

Chaque soir, Richard Bohringer réinvente, retrace toute une vie d’écriture, de passions, d’amours et de tendresse.
Un voyage au pays de sa mémoire, un road-movie dédié à l’Afrique, aux amis, morts ou vivants, aux femmes, à l’alcool, aux errances.
Tel un boxeur sur le ring, l’émotion à fleur de peau, il nous fait voyager au travers de ses propres textes, dans cette atmosphère que lui seul sait créer.
Entre chaque texte, l’improvisation a toute sa place.
  *Titres issus de la riche filmographie de Richard Bohringer

Crédit photos : Alain Rousseau


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CONVERSATION

2 commentaires:

  1. Voici un très belle éloge et je vous rejoins dans la description de ce personnage haut en couleur et charismatique. Un artiste écorché vif qui fait renaître sous ses mots une panoplie de héros du commun.

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  2. Quel beau billet, je suis très touchée par ce que tu as écrit ma belle. C'est vraiment très émouvant :) ♥

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