Critique film Aya

 

film Aya

AYA

Synopsis :

Lahou, Côte d'Ivoire. Aya grandit avec insouciance auprès de sa mère. Intimement liée à son île, la jeune fille voit ses repères s'effondrer lorsqu'elle apprend que son paradis est voué à disparaître sous les eaux. Alors que les vagues menacent sa maison, Aya prend une décision : Lahou est son île ; elle ne la quittera pas. Un chemin initiatique s'offre alors à elle, un chemin vers son identité, un chemin vers elle-même.

 film Aya

AYA est réalisé par Simon Coulibay Gillard. Ce dernier en Bulgarie, grandit en Bretagne. Au terme de ses études d'ingénierie mécanique, il vire de bord et choisit de vivre sa passion pour le cinéma. Tout au long de son master en réalisation à l'INSAS, Simon cultivera une relation très forte avec les hommes et le territoire de l'Afrique de l'Ouest où il vit et travaille une partie de l'année. Il y tournera tous ses films, seul avec sa caméra et ses micros, accompagné de son assistant, Lassina Coulibaly.

A propos de ce long métrage par Simon Coulibay Gillard

La genèse du film

"J’ai mis les pieds sur le continent africain pour la première fois en 2005, j’y suis retourné ensuite avec une caméra en 2007 et puis des dizaines de fois depuis, avec des idées de films à faire et de réalités à documenter.

Ma pratique de cinéma est une pratique physique avant d’être une pratique intellectuelle, et celle ci commence par le fait de se déplacer.

J’ai chaque fois travaillé dans des zones rurales éloignées et avec des ethnies à la langue, à l’histoire et à la religion spécifiques : les Dioulas du Burkina Faso, les Peuls du Mali, les Mossis du Burkina Faso et maintenant les Avikams de Côte d’Ivoire.

Un film en amène toujours à un autre et c’est sur mon premier tournage au Burkina Faso que j’ai rencontré Lassina Coulibaly, qui est devenu mon assistant et collaborateur sur chacun de mes films. A ses côtés, j’ai aussi gagné un patronyme – Coulibaly – par lequel tous m’appellent désormais, dans la tradition des «cousinages à plaisanterie» ouest-africaines.

Lassina avait vécu en Côte d’Ivoire et m’avait raconté des histoires du littoral qui m’ont donné envie d’aller y trouver mon prochain film. La Côte d’Ivoire m’intéressait en ce qu’elle partage avec le Burkina Faso une même histoire coloniale française et deux langues communes : le dioula et le français. Aya poursuit donc un geste de cinéma et de rencontre démarré avec Anima, mon premier court métrage.

Mais c’est le doigt de Dieu qui m’a amené à Lahou.

Parti de Bruxelles, j’avais préparé un itinéraire au crayon rouge sur une carte routière, pour explorer le pays le long du littoral et pour rencontrer mon film, et surtout le personnage de mon film.

En arrivant à Abidjan, j’ai acheté une voiture d’occasion, et le lendemain, je suis parti pour 6000 km de route. Au bout de 250 km, ma voiture est tombée en panne. Immobilisé pendant 10 jours, je me suis mis à explorer les alentours. C’est ainsi que j’ai découvert Lahou".       

film Aya

Un village qui disparaît
 
La situation de Lahou décrite dans le film est tristement réelle : les côtes de cette fine bande de sable, prise entre l’océan et un fleuve, s’érodent peu à peu. On observe directement à Lahou l’effet de la montée des eaux : l’isthme autrefois large de 2 kilomètres mesure plus que 200 mètres de large. Le village historique de Lahou s’efface chaque jour un peu plus. J’ai vu de mes propres yeux un quartier de plus de 150 maisons disparaître. Sur Google Maps, on peut encore voir le quartier d’enfance d’Aya, qui a été englouti depuis la dernière prise de vue, comme tant d’autres avec lui. Seul le cimetière fait encore barrage à la progression de la mer, et quand ce cimetière aura totalement cédé, ce village tel qu’il fût autrefois aura disparu totalement.
 
Lahou avait été un ancien comptoir colonial français, puis une presqu’île touristique avec des hôtels, un dispensaire, une mairie, un phare... Aujourd’hui, il ne reste plus rien de tout cela. Les familles quittent Lahou les unes après les autres, car il n’y a plus d’économie locale. On peut certes pêcher et faire pousser son manioc mais pas le vendre, seulement le troquer.
 
Tout a disparu. La situation est très difficile à vivre au quotidien et les gens se découragent. La question du déplacement est au cœur de toutes les préoccupations des habitants. Les parents envoient les enfants en ville pour leur offrir une éducation. Ces enjeux sont au centre de mon film, où une mère doit pousser sa fille à partir pour pouvoir lui assurer un avenir. Face à ce destin tragique, Aya et sa mère sont des femmes autonomes qui affrontent la situation avec force et courage. Ce désir de mettre en scène une communauté de femmes, je le porte depuis toujours. J’ai été élevé dans un foyer d’«autorité» uniquement féminin. Éduqué par un duo mère et grand-mère inséparables, j’y ai vu ce qu’être responsable de l’existence veut dire. J’ai très vite su que je voulais parler d’une histoire de filiation entre une fille et sa mère, deux femmes combatives dans un environnement tragique et hostile.
 
 film Aya
 
En ce qui concerne les interprètes principales on peut citer Aya et sa mère issues de ce village. Marie-Josée Degeny Kokora est Aya. Patricia Eganabayou est Patricia la mère d'Aya.

Comme le cite le réalisateur :

"Je choisis mes protagonistes d’abord pour ce qu’ils sont. Le film s’écrit au contact de leur caractère, de leur expérience, de leurs relations sociales et des histoires qu’ils partagent avec moi. Ensemble, sur la base de leur vécu, nous construisons le récit, nous imaginons des scènes, nous tournons des plans. À partir de cet échange et de cette relation forte, je (re)mets en scène la réalité. Ce type de démarche hybride, qui emprunte tant au documentaire qu’à la fiction, confère au récit une forme d’authenticité. Les personnages deviennent les acteurs de leur propre vie. Le décor, l’environnement, les gestes du quotidien, s’intègrent à une structure narrative simple et solide capable d’accueillir le réel et ses imprévus".
 
film Aya 
On pourrait penser que l'on visionne un documentaire et pourtant il n'en n'est rien, c'est bien une fiction,  inspirée d'un fait réel, que le réalisateur nous propose.
 
Aya est belle, Aya est jeune, Aya est souvent insouciante, Aya connaît son premier amour, mais surtout Aya aime son île, son village et ne veut pas le quitter.
 
De jour, comme de nuit, Aya arpente la plage, s'amuse avec sa mère, s'occupe de son petit frère mais n'imagine pas être arrachée de ce lieu qu'elle aime tant.

Le réalisateur nous livre de très belles images de la mer, des pêcheurs, des chants qui les accompagnent, de la vie dans le village, avec parfois des images insolites comme ce semblant de discothèque où les garçons boivent et refont le monde.

Et puis il y a ces hommes qui déterrent les corps afin de les transporter ailleurs afin qu'ils ne soient pas engloutis par la mer, car les défunts sont aussi importants que les vivants. 

Il y a ces "maisons" que l'on défait à la hâte. Ce sont surtout des pans de bois et le maigre contenu que peuvent avoir les habitants. 

Et Aya est toujours là, présente à observer l'inacceptable.

Son exil n'en sera que plus difficile, même si elle se noie au départ dans un tourbillon inconnu, tout la ramènera toujours vers la mer.

 
film Aya
 
AYA 
Réalisé par Simon Coulibaly Gillard
Avec : Marie-Josée Degny Kokora, Patricai Egnabayou, Junior Asse, Mariam Traore
Distribué par la Vingt-cinquième heure
Genre : Docu-fiction
Origine : France, Belgique
Durée : 1 h 31
En salle le 12 octobre 2022

Sélections et récompenses en festivals

Prix :

2022 - Grand Prix du Jury - Ciné Junior 

2022 - Prix de la meilleure réalisation - Festival du Film de Demain, Vierzon

2022 - 2030 Award by Luxembourg Aid & Development - Luxembourg City Film Festival

2021 - Prix Cinevox & Prix de la meilleure interprétation - Festival International du Film Francophone de Namur 

2021 - Prix du Public - Festival du film insulaire de Groix 

2021 - Gian Paolo Paoli Award / Best Anthropological Film - Festival Dei Popoli, Florence

2021 - Green Dog Award - Watch Docs Human Rights Film Festival, Varsovie

Sélections :

2022

- FIPADOC, Biarritz

- Cinémondes, Berck-sur Mer
- Bala - Festival des cinémas d'Afrique, Chambéry

- Festival des créations télévisuelles de Luchon

- Festival de cinéma de Douarnenez      

- Visions d'Afrique, Saint-Pierre-d'Oléron

- Festival du cinéma français, Aix-les-Bains

- Festival Close-Up, Paris

- Arcadia Film Festival, Montreuil

- Festival International du Film Panafricain de Cannes

- Stlouis'Docs, Sénégal

- Human Rights Film Festival, Berlin

- “Wales One World” Film Festival, Royaume-Uni

- BELDOCS - International Documentary Film Festival, Belgrade, Serbie

- International Environmental Film Festival (FINCA), Buenos Aires

- Rain International Nature Film Festival in Kerala, Inde

- Ulju Mountain Film Festival, Corée du Sud

- One World Int’l Human Rights Film Festival, République Tchèque

- Paribas Green Film Festival, Cracovie, Pologne

- FIFNE - Festival International du Film Nature & Environnement, Grenoble

- Ficmec – Festival international de cine medioambiental de Canarias

2021

- ACID Cannes

- Afrika Filmfestival Leuven, Belgique
- Image de ville, Aix-en-Provence
- Festival Lumières d’Afrique, Besançon
- Rencontres du cinéma francophone en Beaujolais, Villefranche-sur-Saône
- Cinémaplanète, Metz

- Festival International du Film de Femmes de Salé, Maroc

- Urban Eye Film Festival, Bucarest

- Olympia International Film Festival for Children and Young People, Grèce

- Gangneung International Film Festival, Corée du Sud

- GZDOC - Guangzhou International Documentary Festival

- The International Outdoor Documentary Film Festival of China (OUTDOCS)

- Glimmerglass Film Days, New-York

- Message to Man International Film Festival, Saint-Pétersbourg

- Guanajuato International Film Festival, Mexique

 

AYA - Bande Annonce (2022) from La Vingt-Cinquième Heure on Vimeo.

 

 Crédits photos : ©Kidam-Michigan Films - Simon Coulibaly Gillard - Vidéo : La Vingt-cinquième heure

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