La Leçon, la magistrale pièce de théâtre dansée de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault

 

La Leçon : la magistrale pièce de théâtre dansée

Dernièrement je vous parlais de Marie-Claude Pietraglla et de son spectacle "La femme qui danse". Toujours au Théâtre de la Madeleine se jouera La Leçon d’après l’œuvre d’EUGÈNE IONESCO.

NOTE D’INTENTION DES METTEURS EN SCÈNE :

"Après Les chaises? et M. & Mme Rêve, nous avons souhaité continuer d’explorer l’univers théâtral d’Eugène Ionesco. La Leçon est pour le Théâtre du Corps une nouvelle expérience autour du verbe dansé, explorant le langage et le corps en mouvement. Dans ce drame comique, le professeur est à la fois professeur de danse, d’arithmétique, de philologie ou de linguistique. Il est même chorégraphe ou chef d’orchestre. Il est l’autorité suprême prodiguant un savoir autant intellectuel que corporel. Un enseignement extravagant où les mathématiques se dansent, où les mots se chantent et la relation élève – enseignant est chorégraphiée jusqu’à la mort.

La leçon d’arithmétique et de philologie devient une classe de danse et renforce l’absurdité de la situation : le mot résonne en geste, le chiffre en mouvement rythmé. Mais derrière l’incohérence du discours et la confusion du langage, Ionesco questionne l’éducation avec malice et interroge notre perception du monde visible. Le flot d’informations, censées éclairer les consciences, endort finalement toute résistance, noie inéluctablement toutes réactions sensibles. Les connaissances sont remises en cause, les repères s’effacent, les élèves sont inondés d’informations contradictoires, de savoirs fictifs, de «fake news» en tout genre. Donnant l’impression de transmettre, le professeur ne fait que manipuler les élèves et tisse en réalité une toile invisible autour de sa proie.

Avec humour, Ionesco objective l’élève au fur et à mesure de cette pièce. Pleurer de rire prend ici tout son sens. Il nous fait ressentir la vulnérabilité de celui ou celle qui désire apprendre face à celui qui sait. On tue l’élève par la leçon, celui-ci devenu objet de soumission et de fantasme. Il est un objet à consommer, que l’on jette une fois qu’on l’a détruit.

La scénographie 3D entoure les personnages, matérialisant les équations, les algorithmes et les lettres. Elle est symboles et archétypes : le vecteur d’une pensée collective rêvée, structurée et structurante.

Ce savoir, qui dépasse les élèves jusqu’à les submerger, nous rend-il nécessairement libre ? La Leçon est bien une leçon sur la nature humaine, les rapports de pouvoir et le contrôle de la réalité
". - Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault

Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault

L'histoire

Une bachelière en sciences et en lettres qui prévoit de passer un «doctorat total» se présente à l’appartement d’un professeur dans une petite ville de province afin de prendre des cours particuliers. La jeune élève est accueillie par la Bonne (Marie), qui lui prie d’attendre le professeur. La leçon commence paisiblement par une sorte de conversation autour de sujets rudimentaires : la géographie et les saisons. D’abord, le professeur est timide, prévenant, poli à l’extrême. À l’inverse, l’élève est enjouée et plutôt à l’aise. Malgré les avertissements de la Bonne, le professeur propose d’entamer plus sérieusement la leçon par un cours d’arithmétique. La première notion abordée est l’addition, que l’Élève réussit à faire pour le plus grand bonheur du professeur. Confiant, il passe à la soustraction mais il se heurte à l’incapacité de l’élève à comprendre des raisonnements mathématiques simples. Le rythme vif et gai de l’élève se ralentit tandis que le professeur prend de l’assurance, en une sorte de transfert d’énergie. Les difficultés commencent alors... À l’arithmétique succède le cours de linguistique et philologie comparée, toujours malgré les mystérieuses recommandations de la Bonne. C’est ensuite un cours de langue qui fait peu à peu basculer l’action dans l’absurdité la plus complète. L’élève, en proie à un mal de dents grandissant, n’est plus réceptive. Le professeur s’emporte dans une sorte de fièvre colérique et prend l’ascendant sur la jeune fille épuisée. Seules les quelques protestations «j’ai mal aux dents» de l’élève viennent ponctuer le monologue futile du professeur. Devant l’impassibilité taciturne de la jeune élève, le professeur sombre dans la folie et la brutalité... et, comme un aboutissement fatal de la violence, ce que la bonne avait prédit arriva.

Julien Derouault
 
LA LEÇON
D'après l’œuvre  d’EUGÈNE IONESCO
Conception et chorégraphie
Marie-Claude PIETRAGALLA et Julien DEROUAULT
Conception visuelle et scénographie 3D
Christophe RENDU
Lumière Alexis DAVID
Costumes Marie-Claude PIETRAGALLA
Production Théâtre du Corps

Le professeur Julien DEROUAULT
L’élève Caroline JAUBERT
L’assistante Solène Ernaux MESSINA
Les élèves :
Amélie LAMPIDECCHIA
Carla BÉRAL
Robin SALLAT
Antonin VANLANGENDONCK 

Au Théâtre de la Madeleine
19 rue de Surène
75008 Paris - Métro Madeleine
Billetterie : Tél. 01 42 65 07 09 
 Du 14 octobre au 3 décembre 2022

Les vendredis, samedis à 19h et dimanches à 14h30, en alternance avec La Femme Qui Danse
Durée : 1h15

 

La leçon - la pièce culte d'Eugène Ionesco from THEATRE DU CORPS on Vimeo.

 

Crédits photos et vidéo : Théâtre du Corps - Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault - Théâtre de la Madeleine


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