Avec ce titre du film Le milieu de l'horizon, on peut interpréter beaucoup de choses tout au long de la projection.

Réalisé par la Suissesse, Delphine Lehericey, d'après une œuvre de Roland Buti, ce drame va nous plonger au cœur d'une famille rurale.

Note d'intention de la réalisatrice :

« C’était au mois de juin 1976. C’était le début des grandes vacances de mes treize ans. C’était l’année de la sécheresse. »

Ainsi commence le roman de Roland Buti, présentant en une phrase, Gus, le jeune héros qui, au terme de cet été catastrophique entrevoit le monde tel que les adultes le lui laisseront, et tel que nous le connaissons aujourd’hui. Un monde où la nature est désormais perçue dans sa fragilité, où travailler la terre ne rapporte ni argent ni noblesse, où les relations de couple ne sont plus réglées par les valeurs de la famille traditionnelle et où la place des femmes a changé. La nature bouleversée et menaçante que traverse Gus, tout comme chacun des décors du film, construit un piège qui se referme sur les personnages. Même si on peut voir l’horizon en permanence, s’y sentir au beau milieu, jusqu’à l’orage, j’ai construit le film comme un drame en huis clos.

L’été caniculaire de 1976 vient marquer la fin de l’enfance de Gus. Je voulais faire de son histoire un film résolument contemporain sur les enjeux de la fin d’un certain monde paysan, sur la fin de l’enfance qui plonge le héros dans le tourment de la condition des femmes et des hommes. C’est en traversant des épreuves et des bouleversements que Gus grandit. A l’image des adultes qui l’entourent, Gus se confronte à l’implacabilité de la fin des choses mais aussi à celle des sentiments, de l’amour.

Le milieu de l'horizon est une histoire forte et universelle, qui résonne à la frontière du naturalisme et de l’onirisme.

DELPHINE LEHERICEY

Synopsis :

La sécheresse de 1976. Sous le soleil implacable de cet été, Gus quitte l’enfance. La nature se désagrège, les sentiments s’exacerbent, le noyau familial éclate : tout craque et se fissure jusqu’à ce que l’impensable arrive. Les orages tant espérés balaieront une campagne épuisée et emporteront un monde avec eux.

Bien que Laetitia Casta et Clémence Poésy soient les deux actrices principales de ce long métrage, étonnantes toutes les deux.

La vraie révélation est Luc Bruchez qui interprète Gus. Quel tempérament, quel gouaille, quelles présence.

Gus pédale, Gus se réfugie dans sa cachette, Gus voit des choses qu'il ne devrait pas voir, Gus aide son père à la ferme au lieu comme les autres enfants d'aller jouer, Gus pique des magazines pornos, et tout cela avec une aura indéniable.

Et puis il y a un étonnant Thibaut Evrad en père de famille comme il faut, qui fait tout pour sortir sa famille et sa ferme d'un enlisement annoncé. Sans oublier Fred Otier et Patrick Descamps. Tous parfaits.

Le soleil plombant de cet été 76 procure une atmosphère particulière à ce film. La moiteur que l'on ressent sur les personnages, la chaleur d'une personne pour une autre personne, est là pesante.

La réalisatrice nous montre aussi les difficultés (déjà) des agriculteurs qui parfois se suicidaient. Ce film rural qui n’occulte rien, ni l'élevage intensive des poulets pour arriver à s'en sortir, ni les problèmes d'eau, ni ceux d'argent dans cette famille qui se donne pourtant corps et âme pour conserver ce qu'ils possèdent.

Tout cela fait que le couple que forme Nicole et Jean prend l'eau et que d'autres se font, se défont....

Avec son côté nostalgique, une couleur particulière, une ambiance caractéristique qui m'a parfois fait penser à des scènes vues dans certains westerns et la canicule aidant on s'enflamme pour cette histoire bouleversante à tous points de vue. 

 

A noter que ce film a obtenu en 2020 au Prix du cinéma Suisse, le Quarz du meilleur film de fiction

 Crédits photos et vidéo : Outplay Films