Cinéma : Nocturama (critique)

Difficile de livrer un avis sur ce film inattendu, alors que les attentats se multiplient dans le monde. C'est un long métrage osé que nous livre là Bertrand Bonello.
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Lorsque l'on voit tous ces jeunes gens aller-venir, dans différents endroits de Paris, pour ma part je ne m'attendais pas à ce qu'ils fassent sauter des bombes. La première question qui m'est venue à l'esprit : ce film sort-il au bon moment alors que nous sommes encore tous blessés par tout ce que nous avons vu et vécu. Pourquoi le réalisateur a tenu à faire un film de ce genre ? Ce n'est que par la suite, lors de notre rencontre avec Bertrand Bonello, que j'ai été fort surprise d'apprendre qu'il a écrit une première version du scénario en 2010. Incroyable !!! Celui-ci voyait, sentait que la société allait mal et que ça pouvait sauter d'un moment à l'autre. Il appelle cela l'effet "cocotte-minute".
Le premier titre de ce film était "Paris est une fête", mais suite aux évènements de novembre dernier, il a dû être changé en Nocturama. Ce nom fait penser à la nuit. Il est vrai que le film se déroule sur à peine 24 h et la seconde partie uniquement la nuit. C'est en voyant un album de Nick Cave portant ce nom, que le réalisateur a décidé de porter son choix sur ce titre. Ce mot désigne également la zone créée spécifiquement pour les animaux nocturnes. Il colle donc parfaitement à ce long métrage.

Ce film peut se scinder en deux : dans la première partie on voit tous ces jeunes dans différents endroits de Paris, qui se rendent dans des points stratégiques afin de poser les bombes. Tout le temps en mouvement les protagonistes nous tiennent en haleine.
Dans la seconde partie ils se réfugient dans un grand magasin et se cachent lors de la fermeture des portes afin d'y passer la nuit. Les retrouvera-t-on ? En ressortiront-ils vivants ? Seule la fin vous l'apprendra....
J'ai préféré la première partie, avec peu de dialogue, où l'on voit les protagonistes exercer un ballet dans les dédales du métro, dans la rue, pour se retrouver, se faire de petits signes, ou communiquer par texto, pour mieux se rendre dans un endroit où ils commettront l'irréparable. Tout se passe par des regards, des gestes furtifs, le tout accompagné par une musique qui est sortie tout droit de l'esprit du réalisateur.

Durant la seconde partie, qui m'a paru moins plausible, on voit ces jeunes évoluer dans le magasin, les rayons. Ils tentent de passer le temps en essayant des vêtements, en mangeant, en écoutant de la musique. On se demande comment ils arrivent à ne pas se faire remarquer et semblent bien inconscients ou insouciants,  des actes qu'ils viennent de commettre. La lumière artificielle renforce ce huit clos qui peut provoquer un mal être. On apprendra durant cette période, grâce à des flash-back comment ils ont pu en arriver là.
Tous les acteurs ont un rôle aussi important les uns que les autres. Personne ne se dégage du lot.  Pour certains c'est là leur premier film. J'ai beaucoup apprécié le jeu de Hamza Meziani, surtout dans la scène où celui-ci nous livre un play back sur My way. Quant à Finnegan Oldfield il est l'un des jeunes acteurs bancables déjà remarqué dans "Cowboys" ou encore "Ni le ciel ni la terre".
Le réalisateur nous livre là un long métrage quelque peu déroutant, tourné en numérique. Avec des retours sur certaines séquences, Nocturama apporte une certaine tension. Le film est essentiellement axé sur ces jeunes, mis à part une courte apparition d'Adèle Haenel, et de Luis Rego. On ne connaîtra jamais leur réelle motivation, même si on la devine. On ne saura pas s'il y a eu des morts lors des explosions. Nocturama est réellement centré sur cette bande de garçons et filles.

Nocturama, étrangement, alors que le réalisateur a composé la plupart de la musique, se termine sur le thème de "Amicalement vôtre". 

Ce film sort-il au bon moment ? Rien à voir avec la radicalisation, nous sommes là plus dans un groupe d'anarchistes mais les spectateurs répondront-ils présents, le temps le dira. Tout comme le temps qui s'égrène tout au long de Nocturama jusqu'à la chute finale.

Ce qui est certain, que l'on apprécie son travail ou non, Bertrand Bonello n'est pas un réalisateur comme les autres, c'est un visionnaire du 7ème art.

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NOCTURAMA
Réalisé par Bertrand Bonello
Avec : Finnegan Oldfield, Vincent Rottiers, Hamza Meziani, Manal Issa, Laure Valentinelli, Martin Guyot, Jamil McCraven, Rabah Naït Oufella, Ilias Le Doré, Robin Goldbronn, ainsi que la participation de Hermine Karagheuz, Luis Rego et Adèle Haenel.
Genre : Drame, Thriller
Durée : 2 h 10
Sortie en salle le 31 août 2016

Le synopsis :

Paris, un matin. Une poignée de jeunes, de milieux différents.  Chacun de leur côté, ils entament un ballet étrange dans les dédales du métro et les rues de la capitale.  Ils semblent suivre un plan. Leurs gestes sont précis, presque dangereux.  Ils convergent vers un même point, un Grand Magasin, au moment où il ferme ses portes.  La nuit commence. 

Pour info :

Nocturama sera présenté lors du prochain Festival International du Film de Toronto, dont la 41ème édition a lieu du 8 au 18 septembre 2016

Le film de Bertrand Bonello ouvrira l'édition 2016 de la section Platform, dont la programmation est axée sur le cinéma d'auteur venu des quatre coins du globe.

Platform présentera les films de sa sélection du 8 au 15 septembre.



Crédit photos : Copyright Wild Bunch Distribution - Autres *Dame Skarlette


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CONVERSATION

3 commentaires:

  1. Merci de ce partage . Bisous

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  2. This is so inspiring! I love the post:)

    irenethayer.com

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  3. Ah d'accord ! J'ai vu la bande annonce mais n'avais pas capté le sujet.
    Bon, mouis ... mais bof.

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