Décembre 1989. La révolution roumaine a
débuté et la ville de Sibiu devient le théâtre de terribles
affrontements. Les policiers et miliciens fidèles à Ceausescu sont
arrêtés et réunis dans le bassin vide d’une piscine. Mais comment savoir
qui est qui dans un tel chaos ?
Ma critique :
Alors que la Roumanie, comme beaucoup d'autres pays en ce moment, fait couler beaucoup d'encre, le réalisateur nous propose de nous immerger en décembre 1989 alors que cette nation est en pleine révolution.
Le réalisateur a fait le choix de nous livrer la version de la libération de ce pays dirigé par un dictateur. Nous vivons donc quelques jours qui ont été décisifs, mais perturbants, afin de libérer la Roumanie de l'oppression.
On voit bien entendu un chaos indescriptible car qui était de quel côté ? Difficile de faire le tri et de savoir dans quel camp était tel ou untel.
Une immersion totale, où nous même parfois nous nous perdons avec les différents protagonistes. En fait, le réalisateur a voulu nous montrer le tumulte qui pouvait régner et il nous livre des faits, pas des vérités car il ne se permet pas de juger pour dire qui était du côté de Ceausescu ou non.
Ces hommes qui vont être mis dans une piscine vide, blessés pour certains, avec peu à manger, à boire, nous montre différents personnages, qui pour certains tentent de prouver leur innocence.
Tudor Giurgiu ne se perd pas avant ou après, il nous propose de visionner un des moments clé de cette révolution.
Filmé comme aurait pu le faire un reporter de guerre, nous suivons heure après heure, jour après jour, cette piscine, cette ambiance, ces hommes, et tout devient angoissant. Avec des images en couleur mais grises, tristes, des cris, des bruits de fond comme des tirs rendent ce film dur à visionner.
Ce long métrage est très axé politique, bouleversement et renversement de gouvernement après des années après avoir été sous une dictature. Il faut connaître ces faits, c'est certain.
Libertate prouve que la paix se gagne mais malheureusement avec de nombreux combats, morts et que pour l'atteindre il faut toujours en payer le prix. Si le monde était pacifique et dirigé par des hommes intelligents qui ne cherchent pas le pouvoir, aurions-nous besoin de telles violences ? Comme le citait Jean-Pierre Szymaniak "Il faut nourrir la paix et arrêter d'alimenter la guerre". A méditer tout comme ce long métrage....
Pour en savoir plus :
A propos du réalisateur
Tudor Giurgiu est un cinéaste roumain Son premier long-métrage, Love
Sick, a été sélectionné dans la section Panorama de la Berlinale 2006
et a reçu des prix dans plusieurs festivals internationaux;
Son
court-métrage Superman, Spiderman or Batman (2011) a remporté le prix
du meilleur court-métrage européen lors de la cérémonie des European
Film Academy Awards en 2012.
Le deuxième long-métrage de Tudor, Of
Snails and Men, a été récompensé aux festivals de films de Varsovie et
de Valladolid Why Me ?, un thriller juridique troublant basé sur une
affaire réelle de corruption en Roumanie contemporaine, a été présenté
en avant-première dans la section Panorama de la Berlinale 2015 .
LIBERTATE est le cinquieme long-métrage de Tudor. En 2024, il
co-réalise avec Tudor D Popescu, Cristian Pascanu Nasty - More than
just tennis, qui a été présenté en Séance spéciale au Festival de
Cannes 2024.
Évènements historiques :
La Révolution Roumaine est une période de troubles civils violents qui
s'est déroulée en Roumanie en décembre 1989, dans le cadre des
révolutions de 1989 qui ont eu lieu dans plusieurs pays du monde,
notamment en Europe de l'Est, avant l'effondrement de l'Union
soviétique. La Révolution Roumaine a abouti au procès et à l’exécution
du Secrétaire Général du Parti Communiste Roumain (PCR) Nicolae
Ceausescu et de son épouse Elena, et à la fin de 42 ans de régime
communiste en Roumanie.
Sibiu, 17 décembre 1989. La situation
semblait être sous contrôle. Le leader du PCR annonce qu'il a ordonné
l'armement des troupes avec des "munitions de guerre",
l'instauration d'un "état de nécessité" et la mise en "état d'alerte" de toutes les
unités militaires. Son fils, Nicu Ceausescu, premier secrétaire du
comité du parti à Sibiu, demande que les unités militaires soient mises
en état de combat, déclarant qu'elles tireront "sans
avertissement".
Le 21 décembre, des manifestants anti-
communistes descendent dans la rue. Nicu Ceausescu demande à la milice
locale d'intervenir et de disperser les manifestants de la Place de la
République. La présence des miliciens irrite les esprits et
radicalise les manifestants Un détachement d'étudiants-soldats est
également envoyé pour dégager la place Les manifestants deviennent
violents bousculent les soldats, lancent des bouteilles, des morceaux de bois et des pierres. Les soldats procèdent alors à
des tirs de sommation. C'est à ce moment-là que les premières
victimes sont à déplorer à Siblu deux civils sont abattus.
Dans
la soirée du 21 décembre, certains manifestants se dirigent vers le
quartier général de la Militia, où ils renversent et incendient
plusieurs voitures, forçant ainsi 'entrée du quartier général. Les
miliciens tentent de se défendre. Des gaz lacrymogènes et des tirs de
sommation ont été utilisés et cinq personnes ont été blessées.
Le
22 au matin, les manifestants reviennent en grand nombre et pressent
continuellement les étudiants-soldats. A midi, le feu est ouvert. Dans
la panique, la foule s'est repliée dans l'Ecole Militaire. Certains
membres de la Militia et de la Securitate (Police secrète roumaine sous
l'ère communiste) quittent les lieux et tentent de pénétrer dans l’École Militaire en escaladant la clôture, mais ils sont abattus par
les jeunes soldats. Ils étalent convaincus que l’unité était attaquée
par des terroristes.
Les survivants ont été détenus dans la piscine de l'École des Officiers
Militaires dans de mauvaises conditions, sans nourriture les premiers
jours, et privés de soins médicaux minimaux, certains d'entre eux
ayant été blessés ou battus brutalement.
Les chiffres de la
révolution de Sibiu sont sombres. 2 000 000 de balles, 500 tirs de
canon et 650 missiles d'hélicoptère ont été tirés. 99 personnes sont
mortes, 272 autres ont été blessées. 522 personnes ont été détenues
illégalement dans la piscine locale. Les dernières ont été libérées le
1er février 1990.
A propos des interprètes
ALEX CALANGIU/VIOREL STANESE
Alex Calangiu est un acteur de scène
théâtre bien connu en Roumanie. Il est diplômé de l'Université de
Craiova, Département de Théâtre et possède un Master en Interprétation
Art Dramatique. Depuis 2015, il est l'un des acteurs les plus
appréciés et populaires du Théâtre National "Marin Sorescu" de Craiova
où il a été choisi pour dans plus de 20 spectacles. Il a créé des
personnages complexes sous la direction de metteurs en scène
internationaux tels que Declan Donnellan. Il est aussi l'un des
acteurs favoris de Radu Afrim, l'un des réalisateurs les plus novateurs
et avant-gardistes du pays. LIBERTATE est son premier rôle principal
au cinéma.
CATALIN HERLO/LEAHU
Cặtalin Herlo fait partie de
l'ensemble du Théâtre National de Cluj-Napoca, où il a créé plus de 40
rôles mémorables et a reçu de nombreux prix pour son travail. Il a collaboré avec des réalisateurs roumains célèbres tels que Silviu
Purcarete, Alexandru Dabija ou Gabor Tompa. À l'écran, il a été choisi
pour des comédies comme Mirciulică (2022) et est également connu pour
sa participation à la série télévisée à succès Las Fierbinti.
IONUT CARAS/NICU SILIVAS
Ionut Caras a joué dans plus
de 40 spectacles au cours des 10 années où il a été acteur au Théâtre
National de Cluj et a déjà collaboré avec les plus grands réalisateurs
de Roumanie : Andrei Șerban, Silviu Purarete Alexandru Dabija, Mihai
Maniuțiu, Gabor Tompa et Radu Afrim. À l'écran, il a été choisi pour
Portrait of the Fighter as a Young Man (réalisé par Constantin Popescu,
2010) et Why Me ? (réalisé par Tudor Giurgiu, 2015).
IULIAN POSTELNICU/LT. COL. DRAGOMAN
Iulian Postelnicu est l'un des acteurs les plus aimés et primés de Roumanie, bien connu
pour ses performances dans One Floor Below (réalisé par Radu Muntean,
2015), Arrest (réalisé par Andrei Cohn, 2019) et, plus récemment, pour
Man of Deeds (réalisé par Paul Negoescu, 2022) où il tenait le rôle
principal) et lui a valu plusieurs prix, dont le prix Gopo du Meilleur
Acteur. Il est également scénariste et a coécrit les scénarios de films
comme Unidentified (réalisé par Bogdan George Apetri, 2022)
MA NOTE : 3.6/5
Festivals et prix :
Allemagne - Cottbus Film Festival - Compétition Officielle - Prix FIPRESCI
Belgique - Festival International du Film Francophone de Namur - Compétition Officielle
Belgique - Waterloo Historical Film Festival - Best Decor and Costumes
Bosnie-Herzégovine - Sarajevo Film Festival - Compétition Officielle - Arthouse Cinema Award 2023
CICAE
France - Arras Film Festival - Compétition Officielle - Prix de la Critique
Grèce - Thessaloniki Film Festival
Hongrie - Miskolc - Jameson CineFest - International Ecumenical Award Best Film
Italie - Trieste Film Festival - Compétition Officielle
Israël - Haifa Film Festival - Compétition Officielle
Pologne - Varsovie Festival international du film sur les droits de l'homme dans le cinéma
Turquie - Istambul International Crime and Punishment Film Festival - Compétition Officielle
Prix de la Critique Indépendante à la Mostra de Venise-Orizzonti
10 Gopo Awards 2024, équivalent des César en Roumanie
Meilleur Film
Meilleur Réalisateur
Meilleur Scénario
Meilleur Acteur Masculin
Meilleur Acteur Masculin dans un Second Rôle
Meilleur Montage
Meilleur Son
Meilleur Décors
Meilleurs Costumes
Meilleur Maquillage et Coiffure
Crédits photos et vidéo : Destiny Disribution - Libra Films
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