Critique, Film The Ugly Stepsister réalisé par Emilie Blichfeldt

 Film The Ugly Stepsister réalisé par Emilie Blichfeldt

  EN SALLE LE 02 JUILLET 2025
 
 THE UGLY STEPSISTER
Titre original : Den stygge Stesøsteren 
Réalisé par Emilie Blichfeldt
Avec : Lea Myren, Thea Sofie Loc Naess, Ane Dahl Torp, Flo Fargeli, Isac Calmroth
Distribué par ESC Films
Genre : Horreur, comédie, épouvante
Origine : Norvège, Suède, Pologne, Danemark
Durée : 1 h 50
 
Synopsis
 
  Dans un royaume où la beauté règne en maître, la jeune Elvira doit faire face à une redoutable concurrence pour espérer conquérir le cœur du prince. Parmi les nombreuses prétendantes, se trouve notamment sa demi-sœur, à l'insolente beauté. Pour parvenir à ses fins dans cette impitoyable course au physique parfait, Elvira devra recourir aux méthodes les plus extrêmes...

Film The Ugly Stepsister réalisé par Emilie Blichfeldt
Crédit Photo Lukasz Bak-Kopi
Ma critique
 
En général lorsque je vois indiqué un film dans le genre Horreur, je vais rarement jusqu'au bout ou je ferme souvent les yeux et pourtant, cette-fois ci, j'ai été agréablement surprise par ce long métrage et je le trouve d'une véritable originalité et il fait passer un message fort.
 
The Ugly Stepsister nous conte l'histoire de Cendrillon mais de manière nettement opposée à la version traditionnelle.
 
Une manière également pour la réalisatrice d'aborder le thème de la beauté. A l'heure actuelle où l'on nous répète sans arrêt que toutes les catégories sont désormais acceptées, je dis que l'on n'est encore loin d'accepter tout le monde et que de plus en plus de femmes ont recours à la chirurgie esthétique et bien souvent de plus en  plus jeune. Dans quel but ? Plaire d'avantage ? Être plus jolie que telle ou telle personne ? Pour ne pas faire son âge. Tout ceci n'est qu'illusoire car même si le travail est bien fait, on s'aperçoit rapidement lorsqu'une personne a subi de la chirurgie. Par exemple, je ne trouve pas vraiment top les membres féminines d'une certaine famille américaine qui ont toujours besoin de plus de bistouri pour paraître et se sentir belles.
 
Être bien dans son corps, c'est certain il faut l'accepter. Dès lors que Elvira, qui est secrètement amoureuse du Prince et espère l'épouser, voit sa demi-sœur Agnes, non pas qu'elle soit jalouse sur le moment, mais elle l'envie. De plus, poussée par sa mère qui veut qu'elle épouse un beau parti, elle-même très vénale, après avoir porté un appareil dentaire pour redresser ses dents, elle va subir une opération du nez, et même si cela ne devait pas être le cas à cette époque - quoique ? - elle va par la suite avaler un ver solitaire pour pouvoir manger ce qu'elle désire afin de ne plus grossir. Pour couronner le tout elle va se faire poser des faux cils mais de manière abject.
 
La société a, a toujours eu, et je pense aura toujours un regard méchant, malfaisant sur les gens qui sont un peu différents ou qui ne correspondent pas aux critères de beauté ? Mais quels sont-ils ? Sur quoi se base t'on ? On pourrait débattre longtemps sur ce sujet.
 
Film The Ugly Stepsister réalisé par Emilie Blichfeldt Copyright Marcel Zyskind
 
La réalisatrice fait passer le message qu'il faut s'accepter comme on n'est même si ce n'est pas toujours facile. 
 
De plus, le côté vénal est à l'ordre du jour et l'on pense souvent qu'en étant riche tout ira mieux. 
 
Emilie Blichfeldt a pris le risque d'adapter son long métrage dans un autre siècle, ou robes, carrosses étaient bien présents. En ce qui concerne la chirurgie esthétique existait-elle ? Quelque part on s'en fiche car là n'est pas le sujet du film.
 
Avec une lumière souvent tamisée car nous sommes sans électricité, des mots crus, des scènes parfois osées mais sans plus, la réalisatrice nous emmène dans son monde, dans le monde de Cendrillon et le fait avec brio. Non il n'est pas nécessaire de souffrir pour être belle..... La beauté est très subjective de mon côté je préfère le charme et de loin.
  
Film The Ugly Stepsister réalisé par Emilie Blichfeldt Photo Lukasz Bak
Pour en savoir plus
 
A propos de la réalisatrice 
    
Emilie Blichfeldt est reconnue pour ses courts-métrages audacieux et provocants. Son projet de fin d'études a 1Ecole de Cinéma de Norvège en 2018, SARA'S INTIMATE CONFESSIONS, a été sélectionné dans des festivals tels que le Festival International du Film de Locarno en 2018 et le Festival International du Court Métrage de Clermont-Ferrand en 2019.
 
THE UGLY STEPSISTER est son tout premier long-métrage  
 
Film The Ugly Stepsister réalisé par Emilie Blichfeldt Photo Marcel Zyskind-Kopi
Notes de la réalisatrice :
 
LA BEAUTÉ EN HORREUR  

"Le concept de "Beauty Horror" que l’on retrouve dans The Ugly Stepsister m'a évidemment été inspiré par le body horror, mais aussi par  l'expression misogyne "Il faut souffrir pour être belle". Ce film poursuit mon travail autour de la tyrannie par la beauté, et de son impact sur les jeunes femmes. C'est un thème qui me touche particulièrement, car j'ai moi-mème été mal dans mon corps pendant des années, me demandant quelle était ma part de féminité. A travers cette histoire et ce que va vivre Elvira, j'entends plonger le public entre empathie, malaise et réflexion. Je veux que les spectateurs ressentent physiquement la douleur d`Elvira, et que se créée entre elle et  eux une sorte de connexion viscérale, invitant chacun à une réflexion profonde.
 
Son supplice met en lumière coute la, souffrance qu'implique le souhait d'adhérer à des standards physiques inatteignables Je me suis inspirée de l'approche de David Cronenberg : les transformations corporelles sont à la fois des métaphores de nos propres failles et de nos peurs, mais elles peuvent aussi être le reflet politique de l'impact de la société sur chaque individu.
 
Bien entendu, l'histoire du film puise également dans  l'héritage du conte de Cendrillon. En particulier dans la version des Frères Grimm, où les demi-sœurs se mutilent les pieds pour entrer dans la pantoufle de verre. Il existe énormément de versions et d'adaptations de ce conte : des références bibliques aux légendes chinoises, en passant par les célèbres versions française ou allemande, sans oublier une obscure version tchèque des années 1970, très appréciée en Norvège et en Allemagne.
 
Au lieu de ne baser mon travail que sur l'une de ces versions, j’ai choisi d'entrelacer les éléments qui me touchaient dans chacune d'elles, en y ajoutant ma propre interprétation. Après tout, il s’agit d'histoires inventées, de contes populaires transmis oralement de génération en génération, destinés à divertir mais aussi à transmettre certaines valeurs. J'ai voulu créer ma version du conte.
  
J’aurais facilement pu moderniser l’histoire, mais dès le début du projet, j'ai décide de situer le récit dans un "il était une fois" indéfini. J'ai fait ce choix pour montrer que les problématiques soulevées par le film, bien que faisant écho au monde contemporain, sont en réalité intemporelles et profondément ancrée "dans"des traditions culturelles qui   continuent aujourd’hui de façonner notre perception de la beauté.
 
ÊTRE SOI-MÊME LA "DEMI-SŒUR"
 
Les contes de fées présentent souvent des personnages très manichéens : soit entièrement bons, soit irrémédiablement mauvais. Nous nous identifions naturellement Cendrillon, tandis que les demi-sœurs et la belle-mère sont facilement méprisables. Dans la version des frères Grimm, les demi-sœurs sont décrites comme méchantes, mais physiquement comparables à Cendrillon. Walt Disney, s’inspirant de la version française de Charles Perrault, a ancré 1'idée que la beauté intérieure et extérieure sont-intrinsèquement liées : la gentillesse appartient aux belles personnes, tandis que la laideur est synonyme de cruauté. Les demi-sœurs sont ridiculisées pour leur grand nez, leurs grands pieds et leur désir illusoire d'obtenir les faveurs du prince.
 
Enfant, je partageais ce point de vue, Je rêvais d’être Cendrillon et je riais de la maladresse des demi-sœurs. Mais en relisant Grimm à l'age adulte, notamment la scène où l’une d'elles se coupe les orteils pour faire rentrer son pied dans la pantoufle de verre, mon regard a changé. Pour la première fois, j'ai ressenti de l'empathie pour son désespoir. La moquerie et les rires froids à son égard m'ont semblé injustes. Moi aussi, j’ai désiré être choisie, Que ce soit par un prince ou simplement par un petit ami. Et moi aussi j’ai ressenti 1a douleur de-ne pas correspondre à des standards inatteignables. Peu importe mes efforts, jamais je ne pourrai rentrer dans la chaussure de Cendrillon, car moi aussi, je suis une demi-sœur.
   
Cette prise de conscience m'a donné envie de raconter l'histoire autrement, avec une nouvelle perspective. Je voulais donner vie a tous les personnages, les libérer de leurs archétypes rigides. Cendrillon n'est pas qu'un idéal, c'est une jeune fille avec des secrets que Grimm, Perrault ou Disney n^ont jamais révélés. Mais je ne voulais pas simplement inverser le récit en faisant de la demi-sœur l'héroïne et de Cendrillon la méchante. J'ai plutôt cherché une forme d'équité.
 
L'histoire de cette demi-sœur, longtemps reléguée dans l’ombre, mérite d’être reconnue comme un puissant commentaire sur les normes oppressives qui continuent de façonner nos vies. J'ai réalisé ce film pour la jeune Emilie, qui avait de grands pieds et peu confiance en elle face aux garcons. Je l'ai fait pour toutes les jeunes filles qui souffrent du poids de se sentir laides. Mais j’espère que ce film touchera bien au- delà, car les questions qu'il soulève concernent tout le monde.
 
En compatissant avec Cendrillon tout en moquant la demi-sœur, nous avons été trompés et amenés à nous trahir nous-mêmes : il n’y aura toujours qu'une seule Cendrillon. Et nous sommes toutes et tous ses demi-sœurs" - Emilie Blichfeldt  
    
Film The Ugly Stepsister réalisé par Emilie Blichfeldt  Photo Lukasz Bak-Kopi
 
MA NOTE : 3.8/5
 
Le film a remporté le Corbeau d'argent et le Prix du Public au BIFFF 2025 
 
 
 
 
Crédits photos et vidéo : ESC Films

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