Critique film Des jours meilleurs réalisé par Elsa Bennett et Hippolyte Dard
EN SALLE LE 23 AVRIL 2025
DES JOURS MEILLEURS
Réalisé par Elsa Bennett et Hippolyte Dard
Avec : Valérie Bonneton, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani, Clovis Cornillac, Sophia Leboutte, Myriem Akheddiou, Laurence Cottet, Manuel Ginion, Corentin Camus, Félix Briand, Isabelle De Hertogh, Stéphane Chamot
Distribué par Wild Bunch distribution
Genre : Comédie dramatique
Origine : France
Durée : 1 h 44
Synopsis :
À la suite d’un accident de voiture, Suzanne perd la garde de ses trois enfants. Elle n’a plus le choix et doit se soigner dans un centre pour alcooliques. À peine arrivée, elle y rencontre Alice et Diane, deux femmes au caractère bien trempé... Denis, éducateur sportif, va tenter de les réunir autour du même objectif: participer au rallye des Dunes dans le désert marocain. Il devra s’armer de beaucoup de patience et de pédagogie pour préparer cet improbable équipage à atteindre son objectif.
Ma critique :
Oser s'attaquer au sujet de l'alcoolisme chez les femmes, est un sujet risqué et peu souvent abordé, et pourtant les réalisateurs Elsa Bennett et Hippolyte Dard s'en sortent haut la main sans jamais tomber dans le larmoyant.
Alors qu'elle est veuve depuis 5 ans, Suzanne doit élever seule ses enfants, travailler, et s'en sortir comme elle le peut avec la douleur d'avoir perdu son époux. Après le décès de celui-ci, on comprend que peu à peu, elle a perdu pied et s'est réfugiée dans l'alcool et plus particulièrement la vodka.
Après avoir causé un accident qui aurait pu mettre la vie de ses enfants en danger, alors qu'ils sont toute sa vie, ces derniers se retrouvent chez leurs grands-parents paternels et Suzanne doit se rendre, après jugement, dans un centre de désintoxication.
Là bas elle y fera la rencontre, de femmes comme elle, qui ont sombré suite à un divorce, une mort, des fêtes trop arrosées, d'avoir été élevée sans connaître sa mère, bref autant de raisons qui font que ces personnes se trouvent là.
Elle va croiser sur son chemin Alice - une fêtarde sans mari - Diane - une actrice et surtout Denis, ancien alcoolique, qui va se lancer dans un projet que l'on pourrait croire impossible, les faire participer à un rallye automobile dans le désert.
Il n'est pas aisé de s'attaquer à ce sujet, et peut-être encore moins lorsqu'il s'agit de femmes. Pour ce long métrage, les réalisateur(trice)s ont fait le choix de comédiennes connues, mais également de personnes qui sont alcooliques et non comédiennes. Il est vrai que c'est encore un sujet tabou et pourtant n'importe qui peut tomber dans ce piège qu'est l'alcool.
Les femmes ont honte, d'ailleurs dans ce film aucune n'est alcoolique d'après leurs dires, pour la plupart d'entre elles, elles boivent un verre ou plus, mais rien qui ne peut leur faire comprendre pourquoi elles sont dans ce centre.
On va voir leur quotidien, avec les crises qui débutent lors du sevrage, les appels téléphoniques à la famille qui parfois n'aboutissent pas, car rejetées par la société. L'apprentissage du sport qui va les aider à surmonter des épreuves, celui également d'apprendre à faire des smoothies et les différents passages devant une psychologue qui est là pour les guider.
Avec un sujet très sensible, sans que l'on ne porte aucun jugement sur ces femmes, on va découvrir que chacune à une histoire, un fait qui les fait boire. Il ne faut pas jeter la pierre à des êtres humains qui nous semblent différents, de nous moquer, de porter des jugements, surtout sans savoir ce qui a pu se dérouler dans leur passé, car demain ce peut-être vous, nous, personne n'est à l'abri d'un incident de parcours.
Bien entendu certaines ne vont pas réussir à tenir, certaines reviendront pour une énième fois comme c'est le cas pour Chantal, et pourtant qui y croit à chaque venue.
Ce long métrage, loin d'être triste, a justement des scènes drôles et ces femmes arrivent parfois à se moquer d'elles et de l'alcool. L'autodérision fait partie intégrante de leur vécu.
Avec des actrices, qui interprètent des femmes complètement différentes, Elsa Bennett et Hippolyte Dard ont su trouver ce qui pourrait les lier car mis à part l'alcool elles n'ont rien en commun. Et pourtant elles vont apprendre à s'aider, à soutenir l'autre.
Avec un casting haut de gamme, Valérie Bonneton est époustouflante dans ce rôle de mère de famille paumée et qui a besoin d'être aidée. Une magnifique prestation et elle sait aussi bien être désespérée que marrante.
Michèle Laroque est géniale dans le rôle d'une actrice. Elle arrive quelque peu hautaine, elle repartira avec des certitudes, mais aussi des amies qui sauront la soutenir.
Sabrina Ouazani apporte une énergie folle à son personnage et ne lâche jamais.
A noter qu'elles ont accepté de tourner sans maquillage pour apporter plus de sincérité à leur rôle.
Quant à Clovis Cornillac, la seule figure masculine de premier plan, il est comme toujours parfait et apporte un côté humain. Il est tellement bienveillant avec ces femmes sans jamais les juger qu'on ne peut que l'apprécier car il se dévoue corps et âme pour elles.
Le fait d'intégrer la mécanique, et ce côté automobile souvent plus masculin, que toutes les femmes n’apprécient pas, est une bonne idée. De plus, oser faire conduire des femmes qui sont alcooliques, apporte un certain clin d’œil que tout est possible.
La dernière partie qui nous entraîne dans le désert, nous offre la possibilité de voir de beaux paysages, mais aussi comment vont s'en sortir les personnages féminins. Après avoir eu des lieux assez gris, il est bon de se retrouver au soleil et ce rallye automobile va leur donner à se dépasser et donc se découvrir. C'est cette luminosité qui se trouve au bout du tunnel pour certaines.
Ce long métrage aborde donc, outre l'alcoolisme, le soutien, la solidarité, le courage, l'amitié et met en avant ces personnages alcooliques, mais aussi tout ce corps médical payé ou non comme les volontaires qui aident ces femmes en souffrance à s'en sortir.
Avec des jours meilleurs, les réalisateur(trice)s nous prouvent qu'il ne faut pas baisser les bras, que c'est toujours possible, avec de l'aide, de la volonté, la résilience est une chose que ces femmes doivent arriver à obtenir pour leur bien être mais aussi celui de leur entourage.
Pour en savoir plus :
A propos des réalisateur(trice)s
Elsa
Bennett est à la fois assistante opérateur sur le film radiostars,
scénariste et réalisatrice. A son actif des séries avec certains
épisodes : Contact, Profilage, L'art du crime, Clem, Alice Nevers,
Astrid et Raphaëlle, L'école de la vie. Des téléfilms comme Meutres à
Blois, L’École des espions et donc des longs métrages : Les disparus de
Valencienne.
Hippolyte
Dard fait donc équipe sur ce film avec Elsa Bennet. Il a lui aussi
beaucoup réalisé de films pour la télévision, souvent les mêmes qu'Elsa
puisqu'ils sont en couple et travaillent en duo. Ils ont écrit
ensemble le scénario Des jours meilleurs.
A propos des interprètes
Valérie Bonneton n'a peut être jamais été aussi crédible dans un rôle et son talent explose aussi bien au niveau de son interprétation mais aussi physiquement. Avec un teint blême, tenant à peine debout, morte d'inquiétude de ne plus revoir ses enfants et de ne pas avoir de leurs nouvelles elle est incroyable.
Actrice
tous terrains, elle a débuté dans les années 1990 et a eu de beaux
rôles avec Jeanne et le garçon formidable, Jamais de la vie, Venise
n'est pas en Italie, Juste Ciel, Les petits mouchoirs et Eugénie Grandet. On a pu le voir en 2024 dans C'est le monde à l'envers, Les boules de Noël, Tombés du camion...
Michèle Laroque
incontournable du cinéma français désormais, joue surtout dans des
comédies mais aussi quelques drames. On peut citer dans sa filmographie La
méthode Claire, Belle et Sébastien : nouvelle génération, Karaoké, Oscar
et la Dame Rose, Ténor, L'heureuse élue, mais également en tant que réalisatrice Alors on danse. Elle est actuellement à l'affiche également de 100 millions !
Sabrina Ouazani, actrice, réalisatrice, est dans le paysage cinématographique français depuis le début des années 2000. Parmi ses films marquants L'esquive, La source des femmes, L'outsider, demi-sœurs, L'embarras du choix, jusqu'ici tout va bien. Dernièrement on l'a vu sur grand écran dans Karmapolice, Toutes pour une.
Clovis cornillac, le seul homme ayant un rôle conséquent dans ce film est producteur, scénariste, réalisateur notamment pour Belle et Sébastien 3, C'est magnifique !, Couleurs de l'incendie et surtout acteur. Ce touche à tout était dernièrement au générique de Monsieur, Le Maire, Le larbin, Un p'tit truc en plus, La réparation.
A noter que ce long métrage était en compétition au Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez 2025.
Souhaitons lui de faire de nombreuses entrées et qu'il puisse aider des femmes dans le même cas que Suzanne, Diane, Alice et les autres et qu'il libère la parole.
MA NOTE : 3.8/5
Crédits photos et vidéo : © Jo Voets HiRes - Wild Bunch Distribution
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