à avril 20, 2025

Critique film Familia réalisé par Francesco Costabile

avril 20, 2025 Add Comment

EN SALLE LE 23 AVRIL 2025

FAMILIA

Réalisé par Francesco Costabile

Avec : Francesco Gheghi, Barbara Ronchi et Francesco Di Leva

Distribué par Damned Distribution

Genre : Drame

Origine : Italie

Durée : 2 h 04

Synopsis :

Rome, début des années 1980. Licia élève seule ses fils Gigi et Alessandro, suite à une mesure d’éloignement de Franco, leur père dont la violence a marqué leur enfance. Gigi grandit en trouvant refuge auprès d’un groupe néofasciste et reproduit peu à peu le schéma paternel. Après dix ans d'absence, Franco réapparaît, bien décidé à retrouver sa place au sein de ce qu'il considère comme son foyer.

film Familia réalisé par Francesco Costabile

Ma critique :

Les premières images s'ouvrent sur deux enfants. Le plus grand conseille au plus petit de ne pas écouter et de ne pas y aller. Au loin on entend des cris, on voit une porte fermée et l'on comprend qu'une femme se fait tabasser par son mari.

Licia est mariée à Franco et vit dans la peur et sous son emprise. Nous sommes à Rome en Italie dans les années 80. Luigi et Alessandro sont encore des gamins. Il faut agir et malgré la crainte Licia va se lancer afin de sortir de cette violence.

On retrouve quelques années plus tard, la mère et ses deux fils qui ont grandi. Alessandro suit des études et travaille, quant à Luigi - dit gigi ou Gi - il traîne, est entré dans un groupe fasciste, et l'on comprend qu'il reproduit la méchanceté de son père vis à vis de certaines personnes. En fait, la haine l'habite et comment lui en vouloir alors qu'il a été élevé dans la brutalité.

Va s'en suivre des évènements que vous découvrirez par vous mêmes.

Vous l'aurez compris ce long métrage poignant traite de la violence conjugale. On ne peut que détester Franco le mari, très bien interprété par Francesco Di Leva. Sa femme peut penser qu'il va toujours changer avec le temps, elle y croit à nouveau durant un moment, et pourtant rien n'y fait, cet homme restera toujours un tyran.

La femme Licia - Barbara Ronchi - et les enfants (Francesco Ghegi et Marco Cicalese) sont très crédibles également.

Licia est c'est que l'on pourrait penser une femme soumise, et on se pose la question mais pourquoi le reprend t'elle toujours son époux ? Mais il y a les enfants, le regard des autres, les institutions qui n'agissent guère, bien que cela tende à changer quelque peu, et ce geste de dénoncer, de sortir de relations toxiques n'est pas aisé. Licia culpabilise, et tout comme pour les viols, comment avouer les abus dont elle est victime.

Comme le dit le réalisateur : "Ce film est un réquisitoire, un appel à l’écoute et à l’action au moindre signe, à chaque demande d’aide ; car les plaintes et les dénonciations finissent souvent sur les étagères de la bureaucratie. Et l’histoire de la famille Celeste ne fait pas défaut à ce phénomène : une famille abandonnée par les institutions, qui finit par imploser sur elle-même avec les conséquences les plus tragiques".

Francesco Costabile retransmet bien l'état d'enfermement dans lequel vivent Licia et ses enfants par le biais d'endroits où ils vivent assez rigides, avec un maigre salaire la mère fait ce qu'elle peut pour ses fils.

Inspiré d'une histoire vraie, d'après le livre de Luigi Celeste, Non sarà sempre così (Il n’en sera pas toujours ainsi), les violences domestiques sont légions dans le monde et si la femme est frappée, les enfants sont marqués à jamais tout comme l'est Gigi qui croit trouver une seconde famille, mais surtout la sécurité dans son groupe néofasciste.

Tant que les institutions pour aider, la police, les juges n'agirons pas plus nous ne verrons pas d'évolution afin de lutter contre ces faits immondes. Les lois sont encore trop strictes, on n'écoute pas assez ces femmes, on ne tente pas de comprendre les signaux d'appels et les faits existants et on attend toujours une issue fatale avant d'agir.

Le titre familia est choisi à bon escient par le réalisateur qui dit là aussi : "J’ai toujours été frappé par l’origine du mot familia, qui devrait représenter le lieu de l’amour et de l’inclusion, mais qui en latin désigne le contrat de domination du pater familias avec ses serviteurs, parmi lesquels se trouvent notamment sa femme et ses enfants".

Luigi arrivera t'elle à sortir de cet enfer, pour elle c'est impossible. Et ses deux garçons Alessandro et Luigi y arriveront-ils eux-mêmes car s'ils ne se libèrent pas de cette figure paternelle leur vie sera également un calvaire. Il faudra peut-être qu'ils donnent de leur personne pour être affranchis, car cette liberté a un prix.

Pour en savoir plus :

A propos du réalisateur

Francesco Costabile a étudié au DAMS de Bologne et au Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, où il a réalisé les courts métrages L’ARMADIO et DENTRO ROMA, qui remporte le prix Nastro d’Argento et est nommé pour le prix David di Donatello du meilleur court métrage italien.

Il se tourne ensuite vers le documentaire avec L’ABITO E IL VOLTO (Prix du Public, Biografilm), PIERO TOSI 1690 (2014) et IN UN FUTURO APRILE, un documentaire sur Pier Paolo Pasolini et son lien avec la région du Frioul et la langue frioulane.

En 2022, il présente à Berlin en section Panorama son premier long métrage UNA FEMMINA, d’après FIMMINE RIBELLI de Lirio Abbate sur les femmes victimes de violences dans les familles de la ‘Ndrangheta calabraise. FAMILIA est son deuxième long métrage de fiction.

A propos des interprètes

Né en 2003 à Marino, dans le Latium, Francesco Gheghi a commencé à jouer au théâtre à l’âge de 8 ans. À 14 ans, il fait ses débuts d’acteur professionnel dans IO SONO TEMPESTA (2018) de Daniele Luchetti. En 2024, il remporte le prix Orizzonti du meilleur acteur au Festival de Venise pour son rôle de Luigi Celeste dans FAMILIA.

Née en 1982 à Rome, Barbara Ronchi fait ses études à l’Académie nationale d’art dramatique de Rome. Elle se consacre d’abord au théâtre, avant d’interpréter le premier rôle féminin de LA CITTÀ INVISIBILE (2010), de Giuseppe Tandoi. En 2013, elle apparaît dans MIELE, de Valeria Golino, puis dans les films de Marco Bellocchio, FAIS DE BEAUX RÊVES (2016) et L’ENLÈVEMENT (2023), dans lequel elle interprète la mère juive dont l’Église kidnappe l’un des enfants.

On a également pu la voir dans les films SOLE (2019), de Carlo Sironi,, IL BOEMO (2022) de Petr Václav et LE TRAIN DES ENFANTS (2024), de Cristina Comencini.

Acteur et scénariste né en 1978 à Naples, Francesco Di Leva débute à la télévision avant de se tourner vers le cinéma. En 2011, il est nommé pour le David di Donatello dans la catégorie Meilleur Acteur dans un second rôle pour le film UNE VIE TRANQUILLE de Claudio Cupellini.

Il joue dans les derniers films de Mario Martone, FRÈRES D’ITALIE (2010), IL SINDACO DEL RIONE SANITÀ (2019) et NOSTALGIA (2023) présenté en compétition à Cannes.

A propos de l'auteur du livre :

Luigi Celeste est né à Milan en 1985, dans un contexte social de pauvreté et de marginalisation. Il a grandi entouré de sa mère et son frère, qui ont été un soutien constant dans sa vie. En 2017, il a publié le roman Non Sarà Sempre Così – Ce ne sera pas comme ça pour toujours, dans lequel il raconte son histoire. Pendant ses années d’emprisonnement à la prison de Bollate, il a rejoint un projet de réhabilitation financé par le conglomérat multinational Cisco. À sa sortie de prison, il est engagé par une entreprise internationale, puis s’installe en 2022 à Strasbourg pour travailler comme consultant en sécurité informatique dans une agence européenne.