Défilé Rani Zakhem couture printemps-été 2018 : Ode à une femme volcan

La Fashion Week SS 18 est terminée, mais continuons avec les défilés auxquels j'ai pu assister. 

C'était une grande première pour moi que celui de Rani Zakhem qui présentait sa collection à l'Hôtel Westin Paris Vendôme, et j'avoue ne pas avoir été déçue.
Ce dernier est né à Beyrouth, Liban, en 1983, Rani Zakhem grandit au Kenya, à Nairobi où sa famille émigre en raison de la guerre. 

Là, entre les couleurs féeriques de la faune kenyane et les magazines de mode que son père ramène à sa mère de ses voyages, Zakhem se projette dans un univers glamour auquel il se promet d’appartenir un jour. 

Rentré à Beyrouth avec sa famille en 1992, à la fin de la guerre, Rani Zakhem rejoint l’International College dont il sort diplômé en baccalauréat d’économie en 2001. Il enchaîne avec des études en architecture d’intérieur à la LAU (Lebanese American University) et obtient son diplôme en 2005. 

Admis à Parsons, the New School for Design, à New York, il y parachève sa formation dans le domaine qui le passionne le plus : la mode. Titulaire d’un AAS au printemps 2007, il effectue des stages auprès de grands noms de l’industrie tels que Yigal Azrouël, Carlos Miele, et Patricia Underwood Rani Zakhem fonde sa maison éponyme de haute couture en 2009. 

En moins de dix ans d’existence, la griffe Rani Zakhem dispose d’un solide réseau de points de vente dans le monde entier, de New York à Baku, de Riyadh a Abu Dhabi, en passant par Bahrain, Doha et Koweït. Fureur, ferveur, effervescence. Pour son premier défilé à Paris, Rani Zakhem célèbre la vie et la joie en métaphores incandescentes. Le feu est l'élément essentiel de cette collection à la fois somptueuse et décontractée, dédiée à une femme volcanique. 
Aussi dévorant qu’immatériel, l’élément sacré se décline en explosions pyrotechniques et cascades d’or, tracées par des broderies de cristaux arachnéennes sur la lave d’un fourreau noir dont le haut drapé se fend en un profond décolleté en « V » 


Certaines créations semblent sculptées à même la lumière, comme cette robe de soie beige nacrée où brasillent les gemmes rouges, orange et or dont une myriade de sequins renvoie en surface le précieux reflet. Ici l'image du volcan est filée jusqu'au col, droit et entièrement doré, élément récurrent de la collection et clef de voûte d'une architecture qui privilégie l'aisance, le mouvement et, serait-on tenté d'ajouter, la danse des flammes qui semblent dévorer le tissu à peine effleure-t'il le plancher.


 
Réminiscence d'une fête à Vienne dont le créateur est rentré ébloui, le Baiser de Klimt, lui-même coulée d'or dans un poudroiement de poussière d'étoiles, souffle à la collection un vocabulaire visuel résolument moderniste, traduit en sequins de formes géométriques. Géométrie qui nous entraîne par ailleurs dans l'esprit discothèque des années 1970 avec de nombreuses références à Halston, notamment dans cette robe ample et fluide à épaule unique et col officier doré, dégradée en éventail, tel un arc en ciel ardent, de l'or au rouge en passant par le jaune et l'orange lumineux. 


L'or encore, subtil et poudré, sculpte un fourreau en mousseline doré à la feuille, au bustier noué en cache-coeur et dos profondément décolleté, hommage à Mireille Darc et élégante citation de Guy Laroche. A l'évidence, le thème du feu, tantôt éteint et laissant de précieuse traînées de diamants dans la nuit de la soie; tantôt liquide, bouillonnant en drapé de métal en fusion sur une robe courte à pan virevoltant, et tantôt doucement irisé de couleurs chaudes, n'est qu'un prétexte choisi par Rani Zakhem pour saluer les maîtres qui ont nourri sa vocation. 



Cette robe en mousseline jaune à manches gigot et col foulard, à la jupe plissée soleil et généreusement fendue, est un joyeux sourire adressé à Jean-Louis Scherrer. Cette autre, courte en satin noir, véritable tunique de Moujik ornée au bas d'un plissé de faille jaune agrémenté d'un noeud de la même matière, est un clin d'oeil à Yves Saint Laurent. Cette troisième composée d'un haut doré à manches étroites, mi longues et d'une jupe noire longue et drapée est révérence à Balmain. Le coeur manque un battement quand apparaît le drapé en or liquide de ce fourreau grand soir, terminé par un grand noeud de soie noire à l'épaule, hommage du couturier à Madame Grès.



Un caftan de satin noir, brodé sur les bords de sequins d'or et au bas de motifs de flammes, rappelle l'Orient natal de Rani Zakhem et joue les traits d'union entre ses multiples cultures.


 
Délicate apothéose de ce défilé en forme de coulée de lave et de brasier mouvant, la robe de mariée, longue et moulante, en dentelle de chantilly d'un blanc fragile, souligne par sa précieuse simplicité le parti pris minimaliste d'une collection à fleur d'émotion.
 



Born in Beirut, Lebanon, in 1983, Rani Zakhem grew up in Kenya, Nairobi, where his family emigrated because of the war.

There, between the fairy colors of Kenyan fauna and the fashion magazines that his father brought to his mother from his travels, Zakhem projected himself into a glamorous universe that he promised to belong to one day. 

Upon his return to Beirut with his family in 1992, at the end of the war, Rani Zakhem joined International College from which he graduated with a degree in economics in 2001. He went on to study Interior Design at the LAU (Lebanese American University) and graduated in 2005. 

Admitted to Parsons, the New School for Design in New York, he completed his training in the field that fascinated him the most: fashion. Holder of an AAS in the spring of 2007, he conducts internships with big names in the industry such as Yigal Azrouël, Carlos Miele, and Patricia Underwood Rani Zakhem founded his eponymous high fashion house in 2009. 

In less than ten years, the Rani Zakhem brand has built a strong network of points of sale all over the world, from New York to Baku, from Riyadh to Abu Dhabi,  passing by Bahrain, Doha and Kuwait…

Fury, fervor, effervescence! For his first couture fashion show in Paris, Rani Zakhem celebrates life and joy in incandescent metaphors. Fire is the essential element of this sumptuous yet relaxed collection, dedicated to a volcanic woman.

As devouring as ethereal, the sacred element comes in pyrotechnic explosions and cascades of gold, drawn by embroideries of arachnoid crystals of lava on the black of a sheath whose draped top splits into a deep "V” neckline. 

Some creations seem to be sculpted in the light, like this pearl-beige silk dress, where red, orange and gold gems glow with a myriad of sequins that bring precious reflections back to the surface. Here the image of the volcano is spun to the neck, columned and entirely gilded, a recurring element of the collection and keystone of an architecture that favors ease, movement and, one would be tempted to add, the dancing flames that seem to devour the fabric barely touch the floor.

Reminiscent of a party in Vienna where the designer returned bedazzled, Klimt's Kiss, itself cast in gold in a powder dust of stars, infuses into the collection a resolutely modernist visual vocabulary, translated into sequins of geometric forms. Geometry that also brings us into the disco spirit of the 1970s with many references to Halston, especially in a loose single shouldered fluid dress with a golden Mao collar, in a fanned out degradé rainbow, gold to red through yellow and bright orange. Gold, again, subtle and powdery, sculpts a feuille d’or chiffon dress,  knotted in a wrap around bustier dropping into a deep backline, a tribute to Mireille Darc elegantly quoting Guy Laroche.


Clearly, the theme of fire, sometimes extinguished leaving precious streaks of diamonds on silky nights; sometimes fluid, sizzling cascades of molten metal on a short dress with dripping panel, and sometimes gently iridescent with warm colors, is only a pretext chosen by Rani Zakhem to salute the masters who nourished his vocation.



A scarfed collared, vertiginously split yellow chiffon, plissé soleil dress with mouton sleeves, is a joyful smile addressed to Jean-Louis Scherrer. Another, short black silk satin, real Moujik tunic adorned at the bottom with pleated yellow faille embellished with a large bow of the same fabric is a nod to Yves Saint Laurent. A third composed of a densely embroidered golden top with narrow three-quarter sleeves, and a long black pleated skirt is a reverence to Balmain. The heart skips a beat when the liquid gold drape of a silk jersey habillé evening sheath appears, ending with a large bow of black silk satin on the shoulder, a tribute of the designer to Madame Grès.

A black silk satin kaftan, embroidered on the edges with gold sequins and flame patterns at the bottom, recalls Rani Zakhem's native orient and plays the bond between his multiple cultures.


A delicate apotheosis of this fashion show, shaped in flowing lava and blazing fires, is the wedding dress, long and tight, in delicate whitish lace, emphasizes by its precious simplicity the minimalist bias of a collection with budding emotions.


 














Un grand coup de coeur pour le créateur et ce défilé que j'ai trouvé scintillant et qui reprend les codes des plus grands tout en conservant sa personnalité. 

Comme bien souvent lors des défilés quelques personnalités étaient présentes comme Florent Pagny et sa femme Azucena Camano, Amanda Lear....
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Crédits photos : Rani Zakhem - Autres*Dame Skarlette

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CONVERSATION

1 commentaires:

  1. Très sympa ton article ! C'est intéressant la petite bio que tu mets entre chaque photo ! La robe jaune est sublime et la noire en mousseline transparente mamamia !

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