Critique film Soundtrack to a coup d'état réalisé par Johan Grimonprez
AU CINEMA LE 1er OCTOBRE 2025
SOUNDTRACK TO A COUP D’ÉTAT
Réalisé par Johan Grimonprez
Scénario : Johan Grimonprez
Distribué par Les Valseurs
Genre : Documentaire
Origine : Belgique, France, Pays-Bas
Durée : 2 h 30
Synopsis :
Jazz, politique et décolonisation
s’entremêlent dans ce grand huit historique qui réécrit un incroyable
épisode de la guerre froide. En
1961, la chanteuse Abbey Lincoln et le batteur Max Roach, militants des
droits civiques et figures du jazz, interrompent une session du Conseil
de sécurité de l’ONU pour protester contre l’assassinat de Patrice
Lumumba, Premier ministre du Congo nouvellement indépendant. Dans ce
pays en proie à la guerre civile, les sous-sols, riches en uranium, attisent les ingérences occidentales. L’ONU
devient alors l’arène d’un bras de fer géopolitique majeur et Louis
Armstrong, nommé “Ambassadeur du Jazz », est envoyé en mission au Congo
par les États-Unis, pour détourner l’attention du coup d’État soutenu
par la CIA.
Ma critique :
Ce documentaire est très particulier par sa conception et particulièrement pointu. En effet, entre images, photos comme vidéos, citations, différents textes, etc... il faut se concentrer pour le suivre.
Le réalisateur nous emmène au Congo, et aborde la Belgique pour nous montrer la colonisation telle qu'elle était, mais surtout comment ce pays a pu prendre son indépendance.
Ici la politique règne en maître et même si Johan Grimonprez passe allègrement de Louis Armstrong à Nikita Khrouchtchev, sans oublier Nina Simone, Malcolm X, Miriam Makeba, et tant d'autres... tout va les relier à un moment donné.
Les personnages s'enchaînent, et grâce à de nombreuses références, et beaucoup de recherches, le réalisateur vient nous montrer des faits et l'assassinat du Premier ministre congolais Mr Lumumba.
Argumentant son film avec des faits réels, la vérité éclate au grand jour et apporte la clarté nécessaire pour comprendre pourquoi le Congo était tellement important.
La bande musicale fait partie intégrante de ce film et elle joue d'ailleurs beaucoup dans la conception et le montage de Soundtrack to a coup d'état.
Je m'aperçois que je ne savais rien concernant ce pays et ce qui s'est réellement déroulé et avec un montage extrêmement soigné, des recherches qui ont dû prendre un temps infini, Johan Grimonprez nous offre une restitution des années 60 comme jamais cela n'avait été fait.
Avec des images d'archive inédites qu'elles soient issues de coupures de journaux, de citations de livres, d'extraits d'interviews, ce film transcende les codes du documentaire classique et nous entraîne dans une courses effrénée en faisant dialoguer la
politique et la musique dans un montage qui peut être comparé à
une improvisation de jazz, une jam-session avec
l’Histoire, un groove implacable sur les hypocrisies du
pouvoir qui
ne laisse aucun répit.
A l'issue du visionnage de ce documentaire, on peut se demander si les choses ont vraiment changées, évoluées, car on retrouve toujours des combines entre les hommes, les états, et autres.
Pour en savoir plus :
A propos du réalisateur
Johan Grimonprez est un vidéaste, professeur, conservateur et metteur en scène belge. Il jouit d‘une réputation internationale grâce à son œuvre qui balance entre l’art, le cinéma et le documentaire. Il donne dans ses films une critique acérée de la politique et de l’état du monde, et aborde constamment des sujets épineux.
Son film DIAL H-I-S-T-O-R-Y (1997), est une œuvre internationalement reconnue sur le terrorisme et les détournements d‘avion, sur le spectacle médiatique et la génération d‘une angoisse collective. Celle-ci a été créée en collaboration avec le romancier Don DeLillo et sélectionnée par The Guardian comme l’une des « 30 grandes œuvres de l’histoire de l’art vidéo ».
Il signe aussi DOUBLE TAKE (2009, en collaboration avec l’écrivain Tom McCarthy), dans lequel il utilise le metteur en scène Alfred Hitchcock pour parler de la paranoïa et de la stimulation de la peur dans nos sociétés.
Puis par la suite, il réalise SHADOW WORLD (2016, écrit avec le journaliste d’investigation Andrew Feinstein) : dans ce film, des images d‘archive et des images de fiction s‘entremêlent étroitement pour dénoncer la corruption du trafic d‘armes international.
Johan est encore en train d’accompagner la sortie de SHADOW WORLD lorsqu’il démarre l’écriture de SOUNDTRACK TO A COUP D’ÉTAT : « Il y a eu à peu près deux ans de recherche et d’écriture, puis trois ans de montage avec Rik Chaubet, le monteur du film. J’ai invité un certain nombre de personnes au studio. Des artistes, mais aussi des universitaires et des chercheurs étrangers qui m’ont donné leur avis sur le film. Je tenais vraiment à ce que les détails soient corrects. Par exemple, j’ai eu une discussion de quatre heures avec Ludo De Witte (historien et sociologue belge) qui m’a conseillé d’être prudent lorsque j’évoquais Dag Hammarskjöld (Secrétaire général de l’ONU à l’époque) parce que nous ne connaissons toujours pas la vérité sur son implication dans les événements, même si de nombreux éléments indiquent qu’il était directement impliqué dans la chute de Lumumba. Les universitaires ont donc joué un rôle crucial dans la vérification et le contrôle des informations. J’ai appris du film précédent que si l’on peut étayer des détails avec deux ou trois sources, alors on peut raisonnablement les intégrer au film. Et si j’ai décidé d’ajouter les références de toutes les citations et données mises en avant, c’est aussi pour dire «vous pouvez penser que c’est biaisé, mais voici les sources, faites vos recherches » ».
Qui possède notre imagination dans un monde de vertige existentiel où la vérité est devenue un réfugié naufragé ? Est-ce le conteur qui peut contenir des contradictions, qui peut glisser entre les langues qui nous ont été données pour devenir un voyageur temporel de l’imagination ? L’œuvre acclamée de Johan Grimonprez danse sur les frontières de la théorie et de la pratique, entre l’art et le cinéma, dépassant les dualismes du documentaire et de la fiction, de l’autre et du soi, de l’esprit et du cerveau pour tisser de nouveaux chemins dans notre perception de nos réalités. Son travail dépeint des histoires intimes qui frôlent le tableau plus large de la mondialisation. Il remet en question notre imagination collective, encadrée par une industrie de la peur qui a infecté le dialogue politique et social. En suggérant de nouvelles narrations à travers lesquelles raconter une histoire, son travail souligne une multiplicité de réalités. Nos histoires et nos souvenirs ne sont pas seulement un moyen de réimaginer notre passé contesté, mais aussi des outils pour négocier notre présent partagé. Dans Alice au pays des merveilles, la Reine reformule pour Alice : « c’est une pauvre sorte de souvenir qui ne fonctionne qu’à rebours ».
En parallèle de son travail de cinéaste, les projets de commissariat de Grimonprez ont été exposés dans des musées du monde entier, y compris le Hammer Museum à Los Angeles, la Pinakothek der Moderne à Munich et le MoMA à New York. Ses œuvres font partie des collections du Centre Georges Pompidou à Paris, du Musée d’art contemporain du 21e siècle à Kanazawa et de la Tate Modern à Londres.
Une grande rétrospective de son travail d’artiste, intitulée ALL MEMORY IS THEFT lui est consacrée depuis juin 2025 au ZKM Center for Art and Media à Karlsruhe en Allemagne. Elle durera jusqu’au 8 février 2026.
Pour en savoir plus (ici)
Avec les interventions dans ce documentaire de :
LOUIS ARMSTRONG
DIZZY GILLESPIE
ABBEY LINCOLN
MAX ROACH
NINA SIMONE
MIRIAM MAKEBA
JOHN COLTRANE
DUKE ELLINGTON
MELBA LISTON
ERIC DOLPHY
CHARLES MINGUS
ORNETTE COLEMAN
LE GRAND KALLÉ
ROCK-A-MAMBO
DOCTEUR NICO
MARIE DAULINE
EDDY WALLY
WILLIS CONOVER
RENÉ MAGRITTE
ANDRÉE BLOUIN
NIKITA KROUCHTCHEV
IN KOLI JEAN BOFANE
MALCOLM X
CONOR CRUISE O’BRIEN
ALLEN DULLES
JOHN F. DULLES
DIZZY GILLESPIE
ABBEY LINCOLN
MAX ROACH
NINA SIMONE
MIRIAM MAKEBA
JOHN COLTRANE
DUKE ELLINGTON
MELBA LISTON
ERIC DOLPHY
CHARLES MINGUS
ORNETTE COLEMAN
LE GRAND KALLÉ
ROCK-A-MAMBO
DOCTEUR NICO
MARIE DAULINE
EDDY WALLY
WILLIS CONOVER
RENÉ MAGRITTE
ANDRÉE BLOUIN
NIKITA KROUCHTCHEV
IN KOLI JEAN BOFANE
MALCOLM X
CONOR CRUISE O’BRIEN
ALLEN DULLES
JOHN F. DULLES
ETC...
Festivals et prix :
Grand Prix du Documentaire Musical au FIPADOC Biarritz
Bande annonce :
Crédits photos et vidéo : Les Valseurs
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Vous êtes passés me lire, laissez moi un petit mot - Merci