Cinéma : Buena Vista Social Club : Adios (critique)

Pour avoir eu la chance de pouvoir visiter Cuba avant que ce pays ne soit envahi par les touristes, j'avais vraiment envie de voir ce film Buena Vista Club : Adios afin de retrouver l'ambiance d'antan.
Ce documentaire de Lucy Walker est un hommage à l'essence de Cuba.

En musique, l’improvisation est source de magie, et comme elle est au coeur de la musique cubaine, il n’est pas étonnant que la spontanéité soit à l’origine de la formidable histoire du Buena Vista Social Club.

Tout a commencé en 1996, lorsque le producteur de disques Nick Gold, le producteur et guitariste Ry Cooder et le leader du groupe Juan De Marcos González se retrouvèrent à La Havane pour enregistrer un album aux sonorités à la fois cubaines et africaines. Le projet n’aboutit pas parce que les musiciens africains ne purent être présents, mais une nouvelle idée vit le jour : recréer les mélodies cubaines traditionnelles du son (base de la salsa) des années 1930, 1940 et 1950 avec leurs interprètes originaux.

Un groupe de maestros du genre fut spécialement réuni. La plupart d’entre eux étaient alors à la retraite, à l’image d’Ibrahim Ferrer qui avait abandonné sa carrière de chanteur et cirait des chaussures pour joindre les deux bouts, ou du célèbre pianiste Rubén González qui n’avait plus joué depuis que des termites s’étaient attaqués à son instrument plusieurs années auparavant. Une par une, d’autres incroyables légendes de la musique cubaine rejoignirent la formation : Eliades Ochoa, Omara Portuondo, Barbarito Torres, Guajiro Mirabal, Compay Segundo, Manuel Galbán, Cachaíto López… Le Buena Vista Social Club était né, et la magie créée lors de ces sessions improvisées, grâce aux chansons évocatrices et émouvantes d’une époque oubliée, a fait sensation dans le monde entier.

La productrice Christine Cowin déclare : « Cet album a changé la vie de nombre de ces musiciens. J’adore le caractère improvisé des premières sessions d’enregistrement et la facilité avec laquelle cela s’est fait. C’était le signe qu’ils étaient tous au sommet de leur art et que ce projet était une évidence.»

Mais BUENA VISTA SOCIAL CLUB : ADIOS révèle que ce projet, aussi déterminant soit-il, n’a été que l’un des nombreux moments clés qui ont façonné les longues et prolifiques carrières de ces artistes. Le producteur Zak Kilberg explique : « La musique et la culture cubaines sont indissociables, si bien qu’à travers leur musique, ces artistes partagent également leur incroyable histoire. On découvre ainsi un siècle de l’histoire de Cuba telle qu’ils l’ont vécue. »
Les racines musicales de la plupart des membres du groupe remontent à l’enfance. Né en 1907, Compay Segundo a travaillé dans une fabrique de cigares pour financer son voyage pour La Havane, où il a créé le légendaire duo de son Los Compadres. Enfant, la légende de la guajira Eliades Ochoa gagnait sa vie en jouant de la guitare dans les maisons closes autour de Santiago. Omara Portuondo a quant à elle appris le boléro classique « Veinte Años » à quatre ans, sur les genoux de son père.

À travers les diverses influences réunies dans l’album, le groupe évoque le riche passé de l’île, des mélodies aux sonorités africaines et espagnoles aux rythmes des jazz-clubs de La Havane, en passant par les paroles improvisées des sessions de descarga. Leurs reprises de ces classiques sont devenues emblématiques et ont provoqué un regain d’intérêt pour la culture cubaine. Zak Kilberg déclare : «Les membres du Buena Vista Social Club sont à bien des égards les gardiens de la musique cubaine traditionnelle, car ils maintiennent non seulement en vie ce style de musique mais le font en plus connaître à l’international. »
Le film revient sur le succès inattendu de l’album de 1997, sa victoire aux Grammy Awards, et les tournées solos et collectives qui ont suivi, au cours desquelles le public est tombé sous le charme du Buena Vista Social Club – de leur musique enivrante mais aussi de leurs personnalités exubérantes. Christine Cowin confie : « En apprenant à connaître ces individus et leurs histoires, j’ai été frappée par le sens de l’humour, la sagesse et la dignité dont ils ont fait preuve au fil de leurs longues carrières, mais aussi par le fait que l’âge n’a rien enlevé à leur passion pour la musique. »

Zak Kilberg ajoute : « Certains de ces musiciens ont vécu 60, 70 ou 80 ans – 90 dans le cas de Compay Segundo – avant de connaître le succès international que leur a apporté le Buena Vista Social Club. Leur histoire recèle un optimisme rare et incroyable. »
Cet optimisme s’est matérialisé lors de l’ultime tournée internationale de l’Orquesta Buena Vista Social Club, avec des spectacles ayant fait salle comble et un concert spécial donné à la Maison Blanche à l’occasion duquel le Président Obama a déclaré : « Depuis près de vingt ans, ce groupe est le symbole des liens solides qui unissent le peuple américain au peuple cubain ; des liens d’amitié, culturels et bien entendu musicaux. »

À travers cette représentation et les portraits révélateurs de ces artistes, le film illustre l’extraordinaire capacité de la musique à transcender le temps, le langage et les frontières.
Un "Adios" doux-amer : Près de vingt ans après leurs premières sessions d’enregistrement communes, les membres originaux et les nouvelles recrues de l’Orquesta Buena Vista Social Club ont fait leurs adieux à la scène lors d’une ultime tournée qui les a menés aux quatre coins du monde. L’« Adios Tour » leur a permis d’interpréter les titres intemporels du premier album ainsi que des morceaux inédits de leurs albums solos respectifs. Leurs carrières sont cependant loin d’être terminées. Le guitariste et chanteur Eliades Ochoa confie : « La musique coule dans mes veines, le Buena Vista Social Club et la musique font partie intégrante de la vie elle-même. Le groupe ne remontera pas sur scène mais il y aura toujours des stars du Club qui se produiront quelque part dans le monde. » La chanteuse Omara Portuondo, qui ne vit que pour la musique depuis quatre-vingts ans, ajoute : « La musique fait partie de la nature, tout comme l’océan, l’air, les nuages et la pluie. Rien ne pourra jamais changer cela. Le groupe se sépare mais nous allons tous continuer à travailler et à faire de la musique ensemble. »
 Copyright Dragan Tasic/

Pour clore ce chapitre majeur, Montuno, la société de management du groupe, a développé l’idée de BUENA VISTA SOCIAL CLUB : ADIOS qu’elle a proposée à Blink TV. Ce nouveau documentaire était l’occasion rêvée de revenir sur la carrière des musiciens et sur la manière dont leur incroyable popularité depuis 1997 les a façonnés. Tout comme les mélodies du Buena Vista Social Club, le film est une formidable capsule temporelle. Christine Cowin commente : « Les musiciens eux-mêmes ont exprimé le désir que ce film vienne clore leur héritage. Nous sommes ravis de pouvoir faire découvrir leur musique à une nouvelle génération et de voir la réaction des jeunes face à leur incroyable histoire. »

Les artistes partagent cet enthousiasme. Juan De Marcos González, le leader du groupe, déclare : « Je suis fier de ce que nous avons fait pour la culture cubaine : donner la possibilité à notre peuple d’être reconnu dans le monde entier. Je suis également très heureux que nous ayons influencé la jeune génération de musiciens cubains qui rendent désormais hommage à leurs origines dans leurs morceaux hip hop ou jazz – la musique cubaine est un joyeux mélange ! »
  Copyright Dragan Tasic/

Le tournage du documentaire a débuté en 2015, alors que le paysage culturel cubain était en pleine transformation. Grâce à l’allègement des restrictions de voyage des États-Unis, Cuba est désormais plus accessible aux équipes de cinéma américaines et internationales. Les cinéastes ont saisi cette opportunité pour présenter l’île et sa musique sous un nouveau jour. Zak Kilberg explique : « Notre objectif était d’accompagner autant que possible les musiciens et de les filmer dans leur élément, sur scène et bien entendu chez eux à Cuba. » Pour cela, une petite équipe s’est régulièrement rendue dans le pays durant dix-huit mois. Et les efforts déployés ont été payants, comme l’explique le producteur : « Nous avons réussi à saisir des sessions intimes avec Omara et Eliades à Santiago. Et puis filmer le dernier concert de l’Orquesta Buena Vista Social Club au Teatro Karl Marx de La Havane a été une expérience incroyable. »

Le film repose également en grande partie sur les recherches menées par l’équipe sur l’évolution de la vie des musiciens au cours de l’histoire de Cuba. Zak Kilberg déclare : « Personne n’avait encore entrepris de raconter leurs carrières avant et après le Buena Vista Social Club, et cela a nécessité beaucoup de travail. Nous avons non seulement reçu des tonnes d’archives de leur société de management, Montuno, mais également de chacun des membres du groupe et de leurs familles, ainsi que d’innombrables publications. Nous avons même engagé un archiviste cubain qui a passé en revue tous les médias gouvernementaux afin d’identifier les passages les plus intéressants. Ça n’a pas été facile, il nous a fallu beaucoup de détermination et de patience pour en venir à bout, mais les pépites que nous avons mises au jour en valaient la peine. »
Dans les trouvailles de l’équipe figurent 50 heures d’images inédites du documentaire original de 1997 réalisé par Wim Wenders dans lesquelles on voit le groupe répéter avant son premier concert live à Amsterdam. Ces scènes montrent avec beaucoup de sincérité les musiciens tenter de reproduire la magie de leurs premières sessions en studio… et les conflits de style et de personnalité inhérents à la situation.

Les images d’archives montrent également que les carrières des différents artistes du groupe s’étaient déjà croisées. On assiste ainsi aux débuts de l’amitié qui unit depuis cinquante ans Omara Portuondo et Ibrahim Ferrer dans une émission des années 1960 où ils chantent en duo. Une captation de concert montre quant à elle Compay Segundo aux côtés d’Eliades Ochoa reprenant « Chan Chan », l’une des chansons les plus populaires de l’album de 1997.

En exhumant ces archives et en figurant parmi les premiers à pouvoir filmer à Cuba, l’équipe a eu quelques surprises… mais comme l’avait fait le Buena Vista Social Club lors de ces premières sessions d’enregistrement improvisées il y a bien longtemps, les producteurs étaient prêts à sauter dans l’inconnu pour raconter cette remarquable histoire
Mon avis :

Quel plaisir ce film, du moins ce documentaire. Tellement émouvant. Un Cuba tel que je l'ai visité. Cuba c'est : les cigares, le malecon, c'est la pauvreté, de grands sourires, c'est la Havane, c'est Santiago de Cuba, Trinidad, Santa-Clara, c'est le rhum, le Tropicana, mais c'est avant tout la musique et surtout le son.

La musique est à chaque coin de rue à Cuba, et cette île ne se résume pas aux plages, aux cocotiers, à la bronzette et ce qu'elle devient pour les nouveaux touristes.

Au travers de ce documentaire, on rit, on pleure, on frémit. Ces personnes âgées, qui ont connu le succès sur le tard, sont tellement vraies. Ils ne font pas, et n'ont jamais fait de la musique pour l'argent, ils l'ont fait pour l'amour du son, toujours le son et encore le son.

Au travers de quelques images d'archives on apprend, si on ne le sait déjà, l'histoire de Cuba.

La musique est ancrée dans leur peau, leur tête, leur vie et ils vibrent tous grâce cette musique qui les aide à vivre et survivre et toujours pour aller plus loin, même aux frontières de la mort.

Ces êtres nous font frémir pendant 1 h 50, et au travers des images, on se sent réellement à Cuba et leur musique résonne encore longtemps après avoir vu le film. Des chanteurs à Cuba il y en a eu, et il y en aura toujours, en passant de Benny Moré, à Polo Montanez, Pérez Prado, mais tous ceux qui ont fait partie du Buena Vista Social Club, étaient en parfaite symbiose avec leur musique et leur public.

En visionnant ce documentaire, une alchimie s'instaure entre le spectateur et ce groupe et c'est un moment unique et magique. Une île de Cuba authentique comme on l'aime !!!
BUENA VISTA SOCIAL CLUB : ADIOS
Réalisé par Lucy Walker
Avec : Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo, Manuel Mirabal
Distribué par Metropolitan FilmExport
Genre : Documentaire
Nationalité : Américain, Cubain
Durée : 1 h 50
En salle le 26 juillet 2017
Le synopsis :

Les musiciens du Buena Vista Social Club ont fait découvrir au monde entier la vitalité de la culture cubaine grâce à leur emblématique album de 1997 sorti chez World Circuit Records, et à travers le documentaire de Wim Wenders nommé à l’Oscar BUENA VISTA SOCIAL CLUB.

BUENA VISTA SOCIAL CLUB : ADIOS retrace aujourd’hui le parcours du groupe dans la captivante histoire musicale de Cuba, tandis que ses membres reviennent sur leurs remarquables carrières et les extraordinaires circonstances qui les ont réunis



Crédits photos et vidéo : Copyright Dragan Tasic/Metropolitan FilmExport

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CONVERSATION

2 commentaires:

  1. Je me rappelle de la bande annonce maintenant que tu parles de ce film. Ton avis me donne envie de le mettre sur ma liste, c'est précisément le genre de docu qui fait du bien et qui porte j'ai l'impression !

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